L’œnotourisme comme diversification pour les vignerons

Coup de projecteur sur quelques nouveautés à la faveur d’un voyage de presse organisé en Valais par une agence de relations publiques bernoise, chez ses principaux clients. Avec un focus sur l’œnotourisme.

En plein centre de Sion, la Maison Favre (groupe sierrois Rouvinez) vient d’investir luxueusement les sous-sols de l’évêché, avec magasin, salle de conférence et chai à barriques. Pour rejoindre la Maison Gilliard, il faut marcher un peu. Une œnothèque moderne propose les diverses gammes de cette maison, fondée par un Vaudois en 1885. Elle vient d’enrichir son patrimoine (75 ha de vigne) des 7 ha cultivés à Fully par Henri Valloton. Le passage en Bio Bourgeon a permis à la Maison Gilliard de proposer une Dôle des Monts «verte», dès le millésime 2022. Tant par la structure, solide grâce à 27 % de merlot, que par son prix, 24,90 francs, elle se distingue de la formule de base, ­fidèle à la tradition.

Entre deux musées, la Raspille

Depuis 2006, Gilliard appartient au groupe schwytzois Schuler, actif depuis 330 ans dans le monde suisse du vin et en main de la onzième génération. En Valais, il a racheté en 2021, Domaines Chevaliers, et ses 10 ha de vigne à Salquenen. Les deux entités ont désormais le même œnologue, Samuel Panchard, qui est revenu en Valais en 2020. Il prend le relais du Vaudois Christian Gfeller, qui va succéder à Gilles Cornut, directeur technique de la Cave de la Côte, principale coopérative vaudoise, à Tolochenaz.

Parmi les promenades les plus agréables, celle de Sierre à Salquenen permet de relier les deux espaces du Musée de la vigne, d’à côté du Château de Villa au vieux village de Salquenen. Le premier propose des expositions thématiques – «Dessine-moi la vigne de demain» dure jusqu’au 1er décembre –, le second, un parcours didactique dans le monde vitivinicole valaisan. Et entre-deux, on franchit la Raspille, frontière des langues, torrent impétueux au printemps!

Une colline hautement diversifiée

A Sierre, au milieu de la plaine du Rhône, la colline de Daval, témoin calcaire de l’éboulement du glacier, il y a 13 000 ans, abrite une des entreprises familiales les plus diversifiées du Valais. Elle s’est rapprochée de la route de Chalais, par la construction, tout juste terminée, ce printemps, d’une vaste halle de 800 m2, qui lui sert de stockage, de salle des machines et d’œnothèque.

Depuis plus d’un siècle, la famille Caloz a multiplié les activités. Les trois enfants de Bertrand et Monique Caloz-Evéquoz ont chacun leur secteur d’activité. Le domaine viticole est complété par la culture d’asperges, l’arboriculture (notamment des pommes Lady Pink, dont on fait aussi un cidre, et les abricots, dont on tire un jus), et la distillation avec un propre alambic, depuis 2015.

Le Castel de Daval paraît régner au milieu d’un seul domaine viticole, mais on y cultive aussi asperges et arbres fruitiers. (dr)

Les parents avaient fait l’œno à Changins et Monique Evéquoz a amené dans la corbeille de mariée, 2,5 ha de vignes familiales à Chamoson. Elles s’ajoutent à 3,5 ha à Sierre, en bio fédéral, d’abord sur la colline de Daval mais aussi sur la rive droite du Rhône. La gamme des vins, moitié blanc, moitié rouge, offre deux fendants, deux petites arvines et deux cornalins, alors que le pinot noir et le merlot ne figurent qu’à Sierre, où tout est vinifié à côté du Castel de Daval, qui donne son nom aux vins haut de gamme. C’est aussi une maison d’hôtes, de cinq chambres confortables, récompensée par un prix d’œnotourisme suisse, en catégorie architecture et paysage, en 2019 déjà, puis à nouveau en 2024. De 1949 à 1970, la structure en pierres de taille, fut bel et bien un château... d’eau, alimenté par le bisse qui surplombe Chalais. En 2006, les Caloz ont pu racheter le bâtiment et les vignes de leur propriétaire bernois.

Sur le site des vins valaisans figurent quelque 90 références en matière d’œnotourisme

Diplômé de l’Ecole du tourisme de Sierre et de l’Ecole du vin de Changins, Benoît Caloz, en charge de l’accueil et de la dégustation, l’assure: «Le vin a toujours été au cœur du domaine.» Certains crus sont labellisés Marque Valais, dont la charte, volontaire, vise «une viticulture durable» (comme une vingtaine de caves, mais la liste disponible sur Internet n’est pas à jour...).

(Pierre Thomas)


Se diversifier pour profiter des tendances

Monique Caloz-Evéquoz, qui assure vouloir prendre sa retraite, relayée par la caviste Jessica Lamon, présente ses vins aux concours (Mondiaux des pinots et du merlot à Sierre et Grand Prix du vin suisse), où ils sont régulièrement médaillés, et vise le Grand Cru de Sierre pour son fendant et son cornalin. Le domaine propose pour la première fois un gamaret en vin nature, le Gamaste. Vendu 33 francs la bouteille, un franc de moins que l’originale cuvée, issue de raisins rouges mi-flétri élevée 18 mois en barriques neuves, Davalrone. Se diversifier, c’est aussi savoir profiter des tendances du moment!