Faire de son examen une priorité absolue

C’est le conseil prodigué par Carlos Tacchini, maître professionnel à l’EPCA, aux apprentis de l’hôtellerie-restauration qui s’apprêtent à passer leur procédure de qualification.

Selon Carlos Tacchini, les jeunes professionnels ont tout intérêt à se focaliser sur la préparation en vue de leurs examens: «Ne pas les réussir équivaut souvent à un échec définitif», explique le maître professionnel. (unsplash)

Tous les apprentis romands ne débuteront pas leur session d’examens en même temps, mais tous sont dans la dernière ligne droite avant la procédure de qualification qui leur permettra, ou non, de décrocher leur attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) ou leur certificat fédéral de capacité (CFC). Ces derniers ponctuant respectivement deux et trois années d’un apprentissage en mode dual, il serait illusoire de vouloir, à ce stade, combler d’importantes lacunes, mais il y a quand même quelques conseils susceptibles d’aider celles et ceux qui se retrouveront d’ici peu face aux experts des quatre coins de la Suisse romande.  

L’impact négatif d’un échec 

Le premier est d’ordre général et prend la forme d’une injonction bienveillante émanant de Carlos Tacchini, maître professionnel à Ecole Professionnelle Artisanale et Commerciale de Sion (EPCA), chef de cuisine diplômé avec maîtrise fédérale et commissaire de branche pour les professions de cuisinier CFC et employé en cuisine AFP. «Les apprentis doivent faire de leur examen une priorité absolue.  Dès à présent, ils doivent y penser jour et nuit et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour achever en beauté leur formation», explique celui qui est aussi le président de l’Amicale des cuisiniers du Valais romand. L’enjeu est de taille, dit-il, car la réussite ou non des examens a un impact concret sur la vie des jeunes professionnels. «Le prix de l’échec, c’est environ 40 000 francs. Ce montant correspond au manque à gagner de l’apprenti qui raterait sa procédure de qualification, et qui continuerait de percevoir un salaire d’apprenti au lieu de celui d’un collaborateur avec CFC, par exemple, en vertu du barème de la CCNT.»
 

 «Le prix de l’échec, c’est 40 000 francs, ce qui correspond au manque à gagner d’un jeune touchant son salaire d’apprenti un an de plus» 


Plus grave encore, Carlos Tacchini a pu constater au fil des ans que ne pas réussir ses examens équivaut souvent à un échec définitif. «Dans la pratique, rares sont les apprentis recalés qui reviennent à l’école professionnelle, ce qui réduit considérablement leurs chances de décrocher leur AFP ou CFC l’année suivante», poursuit le maître professionnel.

Dès lors, comment mettre toutes les chances de son côté? Carlos Tacchini esquisse deux pistes. La première consiste à adopter une hygiène de vie irréprochable afin d’être en forme le jour J. «Les jeunes accordent beaucoup d’importance à leur vie sociale, et c’est tout à fait normal. Toutefois, ils devraient songer à changer leurs priorités au cours des semaines précédant la procédure de qualification, en veillant notamment à leurs heures de sommeil. Ce petit sacrifice en vaut largement la peine, eu égard aux raisons évoquées précédemment. Ce n’est que si l’on est reposé que l’on peut être performant.»

Les vertus de l’entraînement 

La seconde piste, elle, est liée au degré de préparation de l’apprenti(e). Selon Carlos Tacchini, un apprenti qui veut bien réussir a tous les atouts en main s’il a préparé et classé de manière utile ses fiches de travail, et s’il a entraîné sa corbeille et le mets imposé dont les ingrédients lui ont déjà été communiqués. «Certains argueront qu’ils n’ont pas eu la possibilité de les entraîner dans l’établissement où ils travaillent, ce qui est bien entendu regrettable. Mais, sachant qu’il s’agit d’un plat pour quatre personnes, il est tout à fait envisageable de le préparer pour ses amis ou sa famille, ou mieux encore, de s’inviter mutuellement pour bénéficier des commentaires de ses confrères et consœurs.»

Reste l’épineuse question du stress, qui peut selon le maître professionnel avoir un impact négatif sur la prestation des apprentis, mais une bonne préparation permet de limiter la casse.

C’est en tous les cas l’avis de Jean-Claude Bazzi, président de Hotel & Gastro Union Romandie, chef cuisinier avec brevet fédéral et enseignant au Centre professionnel du Littoral neuchâtelois: «Certes, il y a toujours une part de hasard le jour de l’examen, mais on peut diminuer son stress en se préparant mentalement à tous les cas de figure. De plus, les apprentis ne devraient pas considérer l’expert comme un ennemi, mais plutôt comme un allié potentiel.»

La préparation, on le voit, est donc l’un des moyens les plus sûrs pour être à la hauteur. «Certains ont la tentation de se dire que, parce qu’ils ont vu une fois leur corbeille, ils s’en sortiront bien le jour J. L’expérience montre que ce n’est pas suffisant. Ce n’est qu’au prix d’un entraînement régulier que l’on acquiert les automatismes qui permettent de maîtriser son stress lorsqu’un imprévu survient pendant l’épreuve», conclut Jean-Claude Bazzi.

(Patrick Claudet)