«Nous visons les 800 restaurants en Suisse»

Présentée comme guide culinaire collaboratif et plateforme de réservation en ligne, La Fourchette est alimentée par la communauté. Quels en sont les avantages pour les restaurateurs? La réponse avec Rémy Bitoun, directeur de La Fourchette Suisse.

Basé à Genève, Rémy Bitoun est directeur de La Fourchette Suisse. (DR)

HGH: Rémy Bitoun, comment fonctionne La Fourchette?
Rémy Bitoun: Lorsqu’une personne souhaite se rendre au restaurant, elle ouvre l’application. Elle peut alors choisir par type de restaurant, en fonction du prix du ticket moyen ou simplement, par la géolocalisation, consulter les restaurants autour d’elle. Elle a accès à la description du restaurant, à des informations sur sa carte et les prix ainsi que des photos. Elle peut faire une recherche sans date précise ou avec la date exacte et de cette manière, il aura la liste des restaurants qui ont de la disponibilité à ce moment-là. 

A qui cette application est-elle destinée? 
Nous travaillons avec deux types de populations: les restaurateurs et les internautes, que nous appelons les foodies. L’objectif est d’aider n’importe quel client à trouver le bon restaurant pour la bonne occasion et d’aider les restaurateurs à trouver leur clientèle. En tant qu’intermédiaire, nous essayons de faciliter les interactions. 

Quels avantages en retirent les restaurateurs? 
C’est une vitrine. Les restaurateurs sont des commerces de proximités qui n’ont souvent que peu de ressources et pour qui le digital est quelque chose d’un peu mystique qu’ils ne maitrisent pas parfaitement. Un restaurateur qui souhaite une présence sur internet doit créer un site et le référencer. Cela a un fort coût en argent et en ressources humaines, pour un retour qui demeure incertain. Chez La Fourchette, nous nous occupons de toute la partie digitale pour permettre au restaurateur de faire ce qu’il sait faire le mieux, c’est à dire la restauration. Nous nous positionnons comme le principal partenaire économique – parce que nous leur amenons du chiffre supplémentaire – et digital – parce que nous les aidons à être sur internet.

Que leur offrez-vous?  
Nous mettons à leur disposition un logiciel, accessible sur ordinateur, tablette ou smartphone. Lorsqu’un client effectue une réservation à travers La Fourchette, elle arrive directement dans le logiciel. Comme nous faisons partie de Trip Advisor, quand le restaurant est réservable sur La Fourchette il est également réservable sur Trip Advisor. C’est le même module, donc la réservation arrive directement dans le logiciel. Lorsqu’un restaurateur reçoit un appel, il rentre également la réservation dans le logiciel. L’intérêt du logiciel est d’afficher en ligne le taux d’occupation. C’est un avantage pour le restaurateur et pour le client qui a les disponibilités en temps réel sur l’application. 

De quels autres outils disposent-ils?
Nous leur offrons également un mini site web d’une page. Il y a des restaurateurs qui ne tentent pas de créer un site internet car il savent que c’est compliqué et que ça coûte cher. Mais là, tout cela est gratuit. En plus de cela, nous mettons aussi à disposition un module de réservation qui s’ajoute sur leur site et sur leur page Facebook. En plus du logiciel, nous fournissons le support. Dans chaque pays, il y a des équipes au niveau local. Nous sommes basés à Genève, dans le quartier des Eaux-vives et toujours à disposition des restaurateurs. C’est un point très important. Si nous enregistrons une excellente progression avec nos partenaires, c’est parce que nous sommes sur le terrain.

Si les restaurateurs ne paient pas pour ces outils, d’où viennent les revenus? 
Sur les réservations par La Fourchette et Trip Advisor, les restaurateurs versent 2 francs le midi et 3 francs le soir par couvert réservé et honoré. Ils ne paient que si nous leur ramenons des clients. Ensuite, il existe d’autres types d’abonnement destinés aux restaurateurs nécessitant des fonctionnalités avancées. Ils accèdent alors à des fonctionnalités supplémentaires sur le logiciel, en payant entre 79 et 119 francs par mois. Sur le modèle Pro, il y a un plan de salle et il est possible de placer directement les gens à une certaine table lors de la réservation. Il aura également la possibilité de paramétrer les accès selon les collaborateurs. Finalement, il pourra soumettre des questions supplémentaires lors de la prise de réservation, telles que les restrictions alimentaires. A ces deux abonnements s’ajoute également l’empreinte bancaire demandée à la prise de réservation en cas de non-annulation dans les temps. 

Quelle est la plus grosse difficulté? 
C’est de faire en sorte que les restaurateurs utilisent correctement le logiciel. L’idée est de mettre cet outil de gestion de réservation à disposition du restaurateur. Mais il doit s’y tenir. C’est LE travail qu’on fait avec les restaurateurs. S’ils ne l’utilisent pas à 100%, cela ne fonctionne pas, car la disponibilité n’est pas mise à jour et il y a un risque de surbooking. Alors que c’est justement l’enjeu du logiciel, limiter les moments creux et ne pas faire de surbooking. 

Existe-t-il des moyens supplémentaires pour simplifier les réservations? 
Depuis mi-avril nous avons lancé une nouvelle fonctionnalité. C’est la possibilité d’intégration avec Ikentoo, une solution suisse de logiciel de caisse. L’idée est d’établir une liaison entre les deux. Les réservations à travers La Fourchette sont envoyées dans le logiciel de caisse, affichant directement si elles contiennent une promotion et le restaurateur peut garder dans le logiciel La Fourchette le ticket de caisse sorti d’Ikentoo, pour avoir un historique client.

Vous suggérez aux restaurateurs de faire des promotions. Pour quels avantages? 
Nous leur proposons de faire une promotion de 30 à 50% sur leur carte, hors menus et boissons, durant les moments creux. Chaque restaurateur choisit ses créneaux et décide si la promotion s’applique à l’intégralité du restaurant ou à un certain nombre de couverts. C’est un outil de publicité. En faisant une promotion, il attirera plus de monde, tout en sachant combien cela lui coûte.

Combien de restaurants sont référencés par La Fourchette? 
Nous sommes la première plateforme de réservation de restaurant en Europe! Nous venons de passer le cap des 50 000 restaurants partenaires sur les 11 pays. En Suisse, qui a été le 3e pays, nous comptons plus de 700 restaurants, même si la solution n’existe pas encore en allemand. Les établissements sont majoritairement situés en Suisse romande, mais nous avons aussi quelques restaurants au Tessin. Beaucoup de restaurateurs viennent d’Italie – puisque la plateforme y existe déjà – et nous contactent pour travailler ensemble. Chaque mois il y a de nouveaux restaurants qui rejoignent le réseau. Nous sommes sûrs d’atteindre 800 restaurants en Suisse. 

(Propos recueillis parSandra Hildebrandt)


La Fourchette en bref

Fondée en 2007 en France, l’entreprise est depuis 2014 entre les mains de Trip Advisor. Après l’Espagne, c’est sur le marché suisse que la plateforme a jeté son dévolu. Elle est aujourd’hui présente dans plus de 11 pays, avec 50 000 restaurants, tous types confondus; du resto de quartier au gastronomique. La société se présente comme intermédiaire facilitant les interactions entre les restaurateurs et les consommateurs.