Vers une meilleure protection des consommateurs

Forte du soutien des Suisses qui retrouvent le chemin des agences, la Fédération suisse du voyage plaide en faveur d’une application stricte de la Loi fédérale sur les voyages à forfait.

A elle seule, la défunte Air Berlin a lésé quelque 180'000 passagers. (Keystone)

Si le phénomène n’est pas nouveau, il prend chaque année de l’ampleur. Après la transition douloureuse imposée par l’avènement d’Internet, les agences et voyagistes helvétiques sont parvenus à inverser la tendance. Selon les grands tour-opérateurs du pays, les réservations pour l’été 2018 devraient connaître une hausse de 10 à 15% par rapport à la période correspondante de 2017. L’augmentation concerne les arrangements réservés via le réseau traditionnel de distribution, plébiscité par la clientèle. «Vu le contexte géopolitique et le risque de catastrophes naturelles, les voyageurs ont compris l’intérêt de s’adresser à une agence. S’ils sont bloqués à Bali à cause de l’éruption d’un volcan, ils aiment l’idée de pouvoir s’adresser à une équipe de professionnels pour faciliter leur retour en Suisse», lance Walter Kunz, directeur de la FSV.

Parallèlement, la tarification dynamique – introduite par les compagnies low-cost et devenue aujourd’hui la norme – encourage les consommateurs à réserver tôt s’ils veulent bénéficier de tarifs avantageux. «Le phénomène s’est encore accentué avec le repli de destinations comme la Turquie, l’Egypte et la Tunisie, qui a eu pour effet de concentrer la demande sur un nombre limité de destinations, dont l’Espagne», ajoute Stéphane Jayet, vice-président de la FSV. Conséquence: la pénurie de sièges et de chambres a encouragé la clientèle à se tourner vers les agences et les voyagistes, qui disposent de contingents.

Punir les contrevenants

Le tableau serait idyllique si la branche n’était pas confrontée à un double danger. Le premier est lié au fait qu’un certain nombre d’opérateurs ne répondent pas aux exigences de la Loi fédérale sur les voyages à forfait, laquelle stipule que l’argent versé par les clients doit être couvert par un fonds de garantie. «En Suisse, il y a environ 400 agences qui ne disposent pas de couverture. En cas de faillite, les clients sont lésés et l’image de la branche est ternie. C’est pourquoi nous avons initié en 2014 une démarche visant à punir les contrevenants, et qui a pris la forme d’une motion parlementaire», explique Walter Kunz.

A l’heure actuelle, aucun contrôle n’est en effet effectué. D’où l’intérêt de la motion Markwalder, du nom de la conseillère nationale Christa Markwalder (PLR/BE), validée par les deux chambres et au sujet de laquelle la FSV a eu une réunion il y a quelques jours avec le Département fédéral de justice et police. «L’idée n’est pas que notre association fasse la police, ni qu’une nouvelle structure administrative soit créée. Il s’agit plutôt de rendre la clientèle attentive à la question de la couverture, et de créer un cadre légal pour punir les éventuels manquements à la loi», poursuit Walter Kunz.

Le second danger concerne l’aérien. La FSV a exigé avec les 30 associations de voyage nationales regroupées au sein de l’ECTAA que la direction générale de la mobilité et des transports de la Commission européenne impose enfin une garantie des fonds de la clientèle aux compagnies aériennes. «Au cours des trois derniers mois seulement, plus d’un million de passagers ont été lésés à la suite des débâcles d’Air Berlin, Niki et Monarch Airlines. A cours de cash, ces compagnies ont multiplié les offres pour renflouer leurs caisses, et, lorsque les réservations ont été annulées, les clients et les agences n’ont pas été remboursés. Cela ne peut plus durer.»

(Patrick Claudet)