Aligro: un jubilaire qui cultive son indépendance

L’entreprise dirigée par la quatrième génération de Demaurex reste fidèle à l’esprit des débuts et planche sur l’ouverture de nouveaux points de vente.

Le marché Les Délices en 1960 à Genève, l’ancêtre d’Aligro.DR

Dans un contexte marqué par la concentration des opérateurs du commerce de gros et de détail, et où les indépendants sont nombreux à rejoindre le réseau des grandes enseignes (Migros, Coop, Fenaco, etc.), Aligro occupe une place à part en Suisse. L’entreprise qui fête ses 50 ans en 2016 est en effet dirigée par Dominique et Etienne Demaurex, les arrière- petits-enfants d’Aline Demaurex qui avait ouvert en 1902 une épicerie à Gilly (VD).

Les deux frères sont entrés dans l’entreprise au début des années 1990 – Dominique en 1992, Etienne deux ans plus tard – pour y travailler aux côtés de leur père, qui avait lui-même pris la succession de son père et de son oncle. Puis, en 1997, la question de la succession s’est posée. Les frères entreprennent alors de racheter le capital d’entente avec leur sœur qui ne souhaite pas participer à l’aventure, avant de se répartir les tâches: Dominique s’occupera du volet commercial (achats, ventes, développement), Etienne des questions administratives (RH, comptabilité, informatique).

Sous leur impulsion, l’ensei­gne connaît un essor rapide. Aux deux points de vente historiques de Genève et Chavannes-près- Renens, respectivement inaugurés en 1966 et 1969, s’ajoutent ceux de Sion (2005), Matran et Schlieren (2012). Parallèlement, l’assortiment évolue pour tenir compte des nouvelles habitudes de consommation, notamment en termes d’aliments sans gluten, tandis que la scénographie des magasins est améliorée afin de valoriser les produits.

Plusieurs projets à l’étude


Si elle a célébré tout au long de l’année son jubilé, l’entreprise n’en a pas moins le regard tourné vers l’avenir. Plusieurs projets de développement sont actuellement à l’étude. «En 1991, nous avons acheté une parcelle non loin de notre magasin de Chavannes-près-Renens, à proximité de l’autoroute, près du quartier de la Bourdonnette. Il s’agit là d’un projet de longue date, grâce auquel nous souhaiterions agrandir notre site vaudois. Mais comme le point de vente est intégré à un ensemble qui comprendra également des logements et des bureaux, sa réalisation prendra encore un peu de temps», explique Dominique Demaurex, avant de citer d’autres chantiers actuellement en cours d’évaluation. «Nous avons un projet à Saint-Légier (VD), ainsi qu’un autre à Genève où nous aimerions ouvrir un second point de vente près de l’aéroport. Là aussi, nous sommes face à un dossier complexe qui nécessitera encore plusieurs années de gestation.»

L’élargissement géographique de l’empire légué par leur père n’empêche pas les deux frères de perpétuer l’esprit familial de l’entreprise. Un esprit caractérisé par des valeurs de respect et de partage que Dominique et Etienne Demaurex ne mettent pas en avant de manière ostentatoire, mais qui imprègnent fortement leur management. «Tout n’est pas axé autour de l’argent et du profit», résume Dominique Demaurex, qui collabore ainsi avec de nombreuses associations caritatives afin d’éviter tout gaspillage alimentaire.

Pas de concession sur la qualité


Cette philosophie se traduit en outre par la sélection rigoureuse des fournisseurs avec lesquels l’enseigne travaille. «Nous n’avons jamais fait aucune concession sur la qualité de nos produits. Cette exigence est valable pour l’ensemble de notre assortiment, mais plus encore pour la viande et le poisson qui sont notre véritable carte de visite», souligne le codirecteur. Pas étonnant dès lors que, si les achats sont centralisés en ce qui concerne les boissons ou les produits laitiers, et ce pour bénéficier de conditions tarifaires plus avantageuses, chaque point de vente gère son propre approvisionnement en denrées périssables. «La fraîcheur est ici le maître-mot, d’où la volonté d’autonomiser les différents magasins pour offrir les meilleurs produits dans les meilleures conditions.»

L’intégration verticale concernant aussi les producteurs, Aligro doit composer avec un autre phénomène de concentration qui a un impact sur ses sources d’approvisionnement. L’enseigne entretient toutefois de bons rapports avec ses partenaires de longue date, intégrés ou non à de grands groupes. Sans compter qu’elle est toujours à l’affût de spécialités régionales pour étoffer son offre, travaillant dans ce cas aussi bien en direct que via des grossistes.

Au nivau de la clientèle, Dominique Demaurex constate qu’une majorité de restaurateurs au bénéficie de la carte professionnelle qui leur donne droit à d’importants rabais et à des heures d’ouverture élargies sont indépendants eux aussi. «Ils trouvent chez nous à la fois des produits de qualité et des conditions permettant de maîtriser leurs coûts. Plus important encore, et raison en partie de notre succès, nous partageons avec eux le même esprit d’indépendance.» 

Patrick Claudet

Davantage d’informations:
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