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«Chaque membre de l'équipe doit se sentir impliqué»

Nadine Friedli, directrice de The Alpina Gstaad, revient sur sa vision du management, les atouts de son établissement et les défis à venir.

Nadine Friedli vient d’être désignée Hôtelière de l’année par Falstaff. (DR)

HGH: Nadine Friedli, The Alpina Gstaad a été récompensé à plusieurs reprises ces deux dernières années, notamment par les Trois Clefs Michelin, et vous avez été élue Hôtelière de l’année par Falstaff. Que représente pour vous cette distinction?

Cette reconnaissance me touche beaucoup, non seulement pour ce qu’elle signifie à titre personnel, mais surtout comme marque d’estime pour l’engagement, la passion et la générosité quotidienne de toute mon équipe. Ensemble, nous nous efforçons de viser l’excellence, avec une hospitalité sincère et chaleureuse. Voir cette dynamique récompensée de la sorte me remplit de fierté et de gratitude.

Comment définiriez-vous votre style de leadership?

Je mise sur l’intégrité, la confiance et la motivation, en adoptant une posture de dialogue et de proximité. Je peux être exigeante, mais toujours avec une finalité claire. Il est essentiel pour moi que nos collaborateurs se sentent valorisés et aient l’espace nécessaire pour proposer et concrétiser leurs idées. Je crois profondément au potentiel des talents internes. Récemment, j’ai promu deux personnes à des postes de chef de département, qu’elles occupaient pour la première fois.

La région est omniprésente dans votre offre. Quelle place occupe cet ancrage local dans votre stratégie?

Il est fondamental. Nous voulons rester fidèles à l’esprit du lieu. Cela passe par l’utilisation de produits régionaux, mais aussi par un design intérieur qui fait la part belle aux matériaux naturels. Le restaurant Monti, lancé en début d’année, en est un bel exemple, avec son esthétique chalet revisitée. Le designer Alexander Kellas a également signé une identité visuelle inspirée de la faune et des paysages du Saanenland. C’est cette authenticité que nos hôtes viennent chercher.

La prolongation des séjours estivaux et l’essor du marché nord-américain sont-ils toujours d’actualité?

Oui, clairement. Le marché nord-américain reste stratégique pour nous comme pour l’ensemble de l’hôtellerie de luxe suisse. Même si nous avons observé une légère baisse cette année, la demande estivale demeure forte. La chaleur croissante dans des destinations comme la côte amalfitaine ou Saint-Tropez joue en notre faveur: Gstaad gagne en attractivité. Nos tarifs d’été, positionnés dans le haut de gamme, sont pleinement justifiés par la qualité de l’offre, et la clientèle suit.

Justement, l’été 2025 est placé sous le signe du «Coolcation», dixit Suisse Tourisme. Quelle est votre réponse à ce trend?

Nous l’avons appelée La Dolce Vita Alpina. Il s’agit d’un savant mélange de fraîcheur alpine et d’art de vivre à l’italienne: apéritifs en terrasse avec vue panoramique, cuisine méditerranéenne, espaces de détente intimistes au cœur des Alpes. Pour explorer la région, nous proposons une nouvelle flotte de véhicules électriques. Et notre espace piscine a été entièrement réaménagé, avec terrasse en bois, mobilier contemporain et bar élégant.

La durabilité est l’un des piliers de The Alpina Gstaad. Comment cette valeur s’intègre-t-elle à votre vision stratégique?

Elle en est même un fil rouge. Nous cherchons des solutions créatives: bière maison brassée avec des restes de pain, barres granola à base de drêches, pâtes ou pizzas issues de rebuts alimentaires. Dans les chambres, nous avons remplacé les emballages plastiques par des alternatives durables et proposons des chaussons en feutre réutilisables que nos hôtes peuvent emporter. Pour nous, la durabilité rime avec l’élégance et la cohérence.

Votre parcours vous a menée des finances à la direction générale. Quelles étapes ont été déterminantes pour vous?

L’Ecole hôtelière suisse de Lucerne m’a donné un socle très pratique. Mon long stage au Dolder Grand m’a apporté des connaissances essentielles et mon expérience des finances me permet de gérer aujourd’hui ce volet avec efficacité. Cette double compétence, opérationnelle et stratégique, est précieuse. Je reste convaincue que même à la direction, il faut savoir servir un café correctement. Le sens du détail est fondamental.

Depuis votre nomination, quels ont été vos principaux axes de travail?

Préserver l’âme de l’hôtel tout en l’amenant vers de nouveaux sommets. Cela passe par des services personnalisés comme notre nouveau concierge d’activités, mais aussi par l’enrichissement de l’offre. Et par la consolidation d’une équipe passionnée et soudée.


«La durabilité est le fil rouge de notre vision stratégique»


Quelles sont vos ambitions à moyen terme pour votre hôtel?

Accroître encore notre rayonnement international. Nous avons accompli beaucoup, mais de nombreux défis nous attendent. Nous innovons sans relâche, investissons, modernisons. Un projet d’envergure est d’ailleurs en préparation.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer dans l’hôtellerie?

Il faut savoir s’investir, accepter de sortir de sa zone de confort, saisir toutes les occasions de progresser. Les stages dans les hôtels 5 étoiles sont incontournables. La persévérance est essentielle, tout comme la passion. Et il n’est pas nécessaire de devenir directeur: il existe mille façons de s’épanouir dans ce métier, notamment dans des domaines spécialisés comme les finances, qui manquent de relève.

(Propos recueillis par Patrick Claudet)


Davantage d’informations: 

thealpinagstaad.ch