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La passion intacte d’une toute jeune retraitée

Evelyne Gaillard a coiffé les stars et fréquenté les plateaux de tournage, avant de se reconvertir dans l’hôtellerie-intendance à la suite d’un grave accident. Portrait.

Membre de la Société professionnelle Hôtellerie & Intendance depuis une quinzaine d’années, Evelyne Gaillard est très active dans le milieu associatif. (ZVG)

Depuis l’an dernier, Evelyne Gaillard vit en Valais. La Genevoise s’y sent bien, heureuse de pouvoir contempler chaque matin la cime des montagnes qui l’entourent. Mais cette retraite alpestre n’en est pas une, puisqu’elle reste active au sein de la Société professionnelle Hôtellerie & Intendance. Avec Lindsay Smith-Donnet, elle vient d’ailleurs d’organiser un événement sur le thème du nettoyage industriel chez Eversys, à Sierre.

De Bernex au quai Ansermet

Pour celle qui est aussi experte en Valais dans le secteur de l’hôtellerie-intendance et commissaire à Genève pour une cinquantaine d’apprentis de cuisine, du service et de l’hôtellerie, la passion du métier reste intacte. Toutefois, elle n’oublie pas les circonstances à la suite desquelles son parcours professionnel a bifurqué, ce moment où elle a intégré l’Ecole hôtelière de Genève parce qu’il fallait s’inventer une nouvelle carrière. Ces souvenirs lointains, elle en parle simplement, même si, de son propre aveu, elle n’a jamais totalement fait le deuil de sa vie d’avant.

Dans le Genève des années 1970, Evelyne Gaillard n’a qu’une idée: devenir coiffeuse. «C’était pour moi la seule manière de créer et de m’épanouir», dit-elle. Elle entreprend un CFC dans la campagne genevoise, d’abord à Confignon, puis à Bernex. Une cliente demande un jour un coup de main à son patron; elle a besoin d’une coiffeuse sur son lieu de travail. La jeune apprentie se rend quelques jours plus tard au quai Ernest-Ansermet. Dans la tour de la Télévision Suisse Romande (TSR), elle rencontre un huissier guindé, puis Catherine Wahli. La journaliste, qui anime alors le magazine A bon entendeur, lui demande de la coiffer. Evelyne Gaillard ne se laisse pas impressionner et remplit parfaitement sa mission; elle restera trente ans dans la maison.

Si elle intervient la plupart du temps sur mandat, exploitant en parallèle son propre salon, elle travaille quelques années en fixe à la TSR. «J’y ai vécu de belles années», reconnaît-elle. Toutes les personnes à l’antenne passent sur sa chaise; elle les reçoit alors qu’elles sont un peu tendues, son rôle est de les rassurer ou de les laisser dans leur bulle. Au-delà des personnalités croisées – Johnny Hallyday, Jean-Paul II ou Gilbert Montagné, qui la taquine en lui disant qu’il ne lui a pas montré sa nuque… –, c’est son travail sur les nombreuses sitcoms (Bigoudi, Les Pique-Meurons, etc.) et autres émissions (Les Oiseaux de nuit, Les Coups de coeur d’Alain Morisod, etc.) qui la marque. Tout comme le passage à l’an 2000 (48h sans dormir) et les attentats du 11 septembre 2001 (72h).

Une profonde remise en question

En 2003, une fracture ouverte des deux poignets met un terme brutal à l’aventure. Que faire? Son intérêt pour la cuisine et la décoration d’intérieur la pousse vers l’Ecole hôtelière de Genève. «A plus de 40 ans, je me suis retrouvée avec des jeunes dont j’aurais pu être la mère. J’ai dû me remettre en question, mais ce cursus a été fondamental pour la suite.» Elle devient gouvernante générale au Sofitel de la rue du Cendrier puis participe à la création de l’EMS La Châtelaine, avant d’être en poste au Collège Alpin Beau Soleil, où elle côtoie des enfants de 6 à 18 ans. Par la suite, elle entame une formation de formatrice pour adultes, suivie de nombreux autres modules, tout en s’investissant dans un milieu associatif où elle continue de s’activer. La preuve qu’elle n’est pas prête de raccrocher.

(Patrick Claudet)


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