Le Hospitality Summit des 18 et 19 juin à Oerlikon (ZH) a livré un message clair. La branche est en pleine transformation, mais la volonté d’agir est bien là. Entre impulsions visionnaires, prises de position critiques et gestes de solidarité, une conviction s’est imposée: construire l’avenir est une œuvre collective.
Avec 1800 participants, le rendez-vous a battu un nouveau record de fréquentation. Professionnels de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme avaient fait le déplacement pour écouter plus de 100 intervenants en provenance de Suisse et de l’étranger. Ces derniers ont abordé les enjeux actuels tout en explorant les grandes questions d’avenir du secteur. Le sommet s’est ouvert sur un appel à l’unité lancé par Martin von Moos, président de Hotelleriesuisse, qui a également annoncé une collecte de fonds en faveur de la commune de Blatten (VS), lourdement touchée par les intempéries. Point d’orgue de la soirée: Michael Smithuis, directeur général du Fairmont Le Montreux Palace, a été sacré Hôtelier de l’année 2025. Autre nouveauté, Gastrosuisse a rejoint l’événement en qualité de partenaire invité lors de la deuxième journée, apportant un éclairage sur les enjeux de la restauration. Grâce au Career Day, au Next Gen Hospitality Camp et au programme dédié aux formateurs en entreprise, la relève des métiers de l’accueil s’est retrouvée au cœur de la manifestation. L’événement se tenait pour la dernière fois à Oerlikon. En 2026, il migrera vers Bernexpo, afin de se rapprocher de la Suisse romande.
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De son récent voyage à Stockholm, en Suède, Thomas Wüthrich, directeur de Zurich Tourisme, retient avant tout une idée phare: celle d’hôtels pensés comme des lieux de vie partagés, non seulement pour les touristes, mais aussi pour les habitantes et habitants. Dans sa prise de parole, il a esquissé ce à quoi pourrait ressembler le tourisme urbain de demain. Alors que certaines métropoles comme Barcelone font face à des mouvements d’opposition au surtourisme, l’enjeu est d’imaginer un tourisme bénéfique pour tous: «Nous ne sommes pas encore confrontés à ce phénomène, mais il est essentiel de prendre au sérieux les inquiétudes ex-primées par la population.» A Zurich, la stratégie repose sur un positionnement haut de gamme et une qualité d’accueil xirréprochable. «Les voyages de groupe ne font plus partie de nos cibles prioritaires.»
Pour Thomas Wüthrich, le tourisme durable ne peut se concevoir sans l’implication des résidents. C’est pourquoi Zurich Tourisme s’est engagé, depuis environ un an, en faveur du concept de visitor economy, qui accorde autant d’importance aux personnes qui vivent sur place qu’aux hôtes de passage. «Pour les hôtels, cela implique par exemple d’offrir de bonnes conditions de travail et des places d’apprentissage. Mais aussi d’organiser des expériences et des événements à destination du grand public local autant que des touristes.»
Il souligne aussi que le tourisme ne se résume pas aux nuitées: les excursionnistes d’un jour représentent une majorité silencieuse. Des concepts comme ceux aperçus à Stockholm pourraient ouvrir de nouvelles voies, à travers des lobbys d’hôtels conçus comme des salons urbains, propices aux échanges, au coworking et aux rencontres culturelles.
Lors de la table ronde qui a suivi, une question centrale a été soulevée: comment mieux répartir les flux de visiteurs dans le temps et dans l’espace? Pour Vivian Grobet, responsable du développement chez Suisse Tourisme, il serait injuste de décrier les groupes: «Ils se pilotent plus facilement et permettent de remplir les capacités.» Mieux: ils offrent un accès privilégié à de nouveaux marchés, avec des hôtes qui reviennent souvent plus tard à titre individuel.
Enfin, Guglielmo Brentel, président de Zurich Tourisme, a rappelé l’objectif stratégique: «Nous devons séduire les bons visiteurs, ceux qui souhaitent vivre une expérience et rester plusieurs nuits.» Cela suppose d’étoffer l’offre et d’élargir les perspectives: «Ce qui attire à Zurich, ce sont la nature et les Alpes. A nous de nous positionner comme point de départ vers des destinations comme Saint-Moritz ou la Jungfrau.»
(ahü/pcl)
Le bon leadership n’est pas une affaire de titre, mais de posture. C’est ce qu’a souligné Wolfgang Jenewein dans son intervention. Professeur en management et spécialiste du leadership, il accompagne entreprises, équipes de haut niveau et dirigeants sur les questions de culture de la performance et de management fondé sur les valeurs. Son message est clair: diriger ne signifie ni contrôler ni récompenser, mais assumer une responsabilité portée par l’attention à l’autre. Trop souvent, les cadres accèdent à des fonctions dirigeantes depuis des rôles opérationnels, sans réellement s’interroger sur le sens ou les méthodes propres à leur nouvelle position. Or, pour Wolfgang Jenewein, c’est limpide: «Diriger, c’est comme être parent, on est responsable de la progression, pas uniquement des résultats.» Pour fédérer des équipes engagées, il faut savoir révéler les potentiels, plutôt que pointer les manques. Trop de contrôle ou d’incitations extrinsèques (bonus, promotions) finissent par étouffer le plaisir du travail bien fait. «On ne s’implique plus par conviction, mais pour la récompense. Ce qui manque, ce n’est pas la compétence, c’est l’enthousiasme», dit-il. Son appel: «Transformez le travail en terrain de jeu.» Il faut créer un environnement propice à l’autonomie, au sens et à l’expression créative.
La collaboration au-delà des services est aussi essentielle: «Les meilleurs partagent leurs connaissances pour faire grandir les autres. Ils raisonnent en termes de coopération, non de compétition.» Et, surtout, il faut accepter les tensions: «L’absence de conflit ne signifie pas l’harmonie, mais l’indifférence.» La performance naît du débat, pas du consensus silencieux. Diriger ne veut pas dire tout savoir soi-même. C’est permettre aux autres de se dépasser. Comme l’a résumé Wolfgang Jenewein: «Le temps du ‹nous›, c’est maintenant.»
(ade/pcl)