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Nouveau propriétaire pour le Domaine du Manoir

C’est un grand domaine viticole dans les Côtes-de-l’Orbe. Il vient de passer dans les mains de la famille Sother, qui cherchait depuis longtemps à (s’)investir dans le vignoble vaudois.

Les nouveaux exploitants du Domaine du Manoir, à Valeyres-sous-Rances (VD): Clémence, Maxime et la petite Ysée Sother, et, à droite, l’ingénieur viti-oeno Pierre-Olivier Dion-Labrie, responsable technique. (DR)

L’affaire est plutôt un «gros morceau»: 50 ha de terres agricoles et 24 ha de vignoble, deux tiers situés dans les Côtes-de-l’Orbe et un tiers dans la région de Bonvillars-Champagne. Et plantés majoritairement en cépages rouges. Les vignes seront exploitées par un jeune couple de trentenaires, d’origine française, domicilié à Lausanne, Maxime et Clémence Sother. Lui, ingénieur en acoustique pour le cinéma, est le fils d’un entrepreneur qui a réussi dans les télécommunications, en France, et qui est un grand amateur de vins. 

Un jeune couple aux commandes

Compte tenu de la législation suisse visant à garantir l’exploitation de biens agricoles (et donc viticoles), Maxime Sother s’est formé à Changins, où il a obtenu un certificat fédéral de viticulteur. Il a effectué des stages chez Raymond Paccot et au Domaine de Martheray, à Féchy. Sa femme a tenu un tea-room à Lausanne, puis, après la naissance de sa fille, Ysée, il y a quelques mois, présentée comme «future passionnée de vin», elle a continué à étudier à l’Ecole du vin à Changins et prévoit de se présenter l’an prochain aux examens de sommelier breveté fédéral. Elle se réjouit de recevoir des hôtes à Valeyres-sous-Rances, notamment aux Caves ouvertes vaudoises, désormais fixées au 5 et 6 septembre. Maxime Sother, avec l’aide de son responsable technique, Pierre-Olivier Dion-Labrie, diplômé (master) en viticulture-œno de Changins, a déjà déposé une demande de conversion du domaine viticole en bio «classique». 

Depuis 50 ans, le Domaine du Manoir faisait partie de l’entité nommée il y a une dizaine d’années Les Trois-Terres, qui se partage entre le Domaine de Valmont, 30 ha, répartis dans la région morgienne, moins de 6 ha de vignes à Vétroz (VS), et ces 24 ha du Domaine du Manoir, qui vient d’être cédé. Ce dernier fait partie de l’Association Clos, Domaines et Châteaux, à l’instar des meilleures entités de la famille Schenk, et des membres extérieurs au groupe (23 producteurs, dont 9 châteaux, vaudois). Ce sont les œnologues de la maison de Rolle qui suivent les vins, en l’occurrence, Thierry Ciampi, ainsi que Léonard Pfister, de chez Obrist. Cette société veveysanne distribue trois vins du Domaine du Manoir: un œil-de-perdrix et deux assemblages rouges, l’un de base à dominante gamay, l’autre, une «Réserve» élevée en fûts de chêne, marqué par du gamaret, les deux cépages étant accompagnés par du garanoir. La famille Sother continuera à fournir les raisins pour ces vins.

Déçu au Château de Malessert?

Cela fait plusieurs années que les Sother père et fils sont désireux d’investir dans le vignoble vaudois. En 2014, ils avaient fondé une première société. Puis, en 2016, la Foncière Château Malessert SA. Celle-ci, moyennant une somme de 15,5 millions de francs, devait acquérir ce prestigieux château entre Mont-sur-Rolle et Féchy, dont les 15 hectares de chasselas sont cadastrés 1er Grand Cru, depuis le millésime 2011. Malessert est une propriété millénaire, fondée en 996, attestée par une donation à l’abbaye de Romainmôtier. Pour les actuels propriétaires, une famille vaudoise, le chasselas est vinifié par La Cave de La Côte, qui commercialise aussi le vin. Avec deux architectes, dont Pierre Bouvier, le propriétaire du Château de Bursins, qui a réussi à passer trois vins (un garanoir en cuve, un en barriques et un gamaret) en 1er Grand Cru — qui sont les seuls vins rouges vaudois commercialisés à ce niveau dans le plus récent millésime (2018) —, les nouveaux propriétaires étaient prêts à aménager une structure œnotouristique importante, sur la route de l’Etraz. Ce vaste projet paraît mis entre parenthèses, après l’acquisition du Domaine du Manoir à Valeyres-sous-Rances. Entretemps, la vente ne s’est pas réalisée. Elle était soumise à une offre d’achat publique et a donné lieu à un recours jusqu’au Tribunal fédéral, qui a renvoyé la cause devant les autorités vaudoises en été 2019. Maxime Sother, qui a effectué la formation requise pour être exploitant à part entière, nous le confirme: «L’arrêt du Tribunal fédéral a clairement motivé la prospection d’autres domaines viticoles et finalement l’achat du Domaine du Manoir.» Le prix de la transaction n’a, cette fois, pas dû être publié.

(Pierre Thomas)


Domaine du Manoir

Le bâtiment, imposant, fut une abbaye au 14e siècle, puis passa en mains nobles (Pierre de Gland). A la fin du 18e, la famille Boissier en devint propriétaire, puis, en 1960, le conseiller d’Etat morgien Alfred Oulevay acheta le domaine, avec un ami, par le biais d’une société anonyme qui l’a vendu à Maxime Sother. Ce dernier a créé en juillet 2019 Terres et Domaines Sother SA, dont on remarquera que les termes sont au pluriel.


Davantage d’informations:
www.c-d-c.ch