La cheffe met sur le cap sur Nice et la table doublement étoilée du Negresco. Virage de la Réserve au profit d’une cuisine métissée.
La rumeur courait depuis quelque temps, entre bémols et vagues démentis. On disait les responsables du groupe Michel Reybier Hospitality tour à tour déçus de ne pas avoir obtenu d’emblée une étoile Michelin ou au contraire désireux d’orienter l’offre vers davantage de simplicité. C’est finalement le journaliste Gilles Pudlowski qui a mangé le morceau sur son blog, confirmant le départ de Virginie Basselot, chef exécutif du palace genevois depuis octobre 2016, pour Nice et la table doublement étoilée du Negresco.
Elue Cuisinière de l’année 2018 par le Gault & Millau, la jeune femme aura signé durant quelque 18 mois une cuisine étincelante dans ce haut lieu du luxe lémanique. Fille de restaurateurs de Pont-l’Evêque, Virginie Basselot fait un apprentissage dans une auberge de la région, avant de rejoindre le Casino de Deauville. A Paris, elle travaillera successivement dans plusieurs enseignes prestigieuses: du Crillon au Bristol d’Eric Frechon, en passant par le Grand Véfour de Guy Martin, qui décroche alors sa troisième étoile et lui offre de voyager, notamment au Japon. Là-dessus, devenue cheffe au Saint James, hôtel de charme du XVIe, Virginie décroche sa première étoile Michelin. Et devient la deuxième femme à arborer le fameux col tricolore des MOF en 2015. C’est alors que le groupe genevois lui fait les yeux doux.
A Nice, Virginie Basselot aura pour défi de conserver les deux étoiles du Chantecler. Parmi les motifs plausibles de ce changement exprès, on évoquera le départ récent de Laurent Branover, le directeur général à l’origine de sa venue. Virginie Basselot confiait alors que son choix devait beaucoup à cette rencontre, mais aussi qu’elle avait craqué pour le «cadre exceptionnel et l’ambiance familiale». On subodore que l’ambiance était devenue moins familiale, le nom et l’image de la cheffe ayant été effacés du jour au lendemain du site – au profit de son successeur Emmanuel Soares. Ce dernier proposera désormais une carte métissée, inspirée de la cuisine nikkei.
(Véronique Zbinden)