Bruno Rossignol et Rodrigue Benoit veillent à l’alimentation des athlètes suisses. Ils seront parmi les intervenants de la Journée professionnelle de la ssc à Montreux (VD) le 9 septembre prochain.
«Donnez-nous une allumette et du bois et on vous prépare un banquet.» La boutade, d’abord partie comme une plaisanterie d’initiés, est peut-être la meilleure manière de décrire l’esprit dans lequel Bruno Rossignol et Rodrigue Benoit collaborent depuis 2004. Partenaires de Swiss Olympic et de plusieurs fédérations sportives suisses, les deux chefs de cuisine – sans doute les seuls au monde à avoir participé à tous les Jeux Olympiques depuis Athènes en 2004 – déploient en effet des trésors d’imagination pour garantir aux sportifs helvétiques une alimentation équilibrée et mitonner, quelles que soient les circonstances, les plats dont ils ont besoin en prévision de leurs épreuves.
L’esprit de débrouillardise dont Bruno et Rodrigue ont dû faire preuve aux quatre coins du globe n’éclipse pas leurs talents de nutritionnistes, eux qui définissent l’alimentation de chaque sportif en fonction de sa discipline (triathlon, ski, navigation, etc.), de sa morphologie et de ses goûts personnels. Mais le défi logistique joue une part si importante dans l’organisation de leur travail in situ qu’il est au cœur de leurs préoccupations plusieurs mois avant la tenue des JO. «Généralement, nous partons en repérage une année à l’avance, afin de nous assurer que nous pourrons nous procurer sur place les protéines, glucides et autres légumineuses nécessaires à l’élaboration des menus», expliquent Bruno et Rodrigue, respectivement responsable Restaurant & Commerce à l’EPFL et chef exécutif pour la Suisse romande chez SV Group.
C’est ainsi que Rodrigue s’en ira cet été à Tokyo à l’invitation de Swiss Sailing, dont les sportifs participant aux prochains JO d’été bénéficieront de l’encadrement culinaire de la paire déjà mandatée par Swiss Triathlon pour veiller sur ses athlètes. Ce nouveau mandat – bénévole comme tous ceux que les fédérations leur confient – ravit tout spécialement le Québécois d’origine qui découvrira le Japon dans quelques semaines, et pour cause: il pratique la voile depuis plusieurs années et comprend mieux que quiconque les enjeux liés à cette discipline qu’il affectionne tout particulièrement.
Bruno, lui, a l’habitude de courir 50 km par semaine, un rituel qui fait partie de son hygiène de vie et qui explique sans doute le dynamisme qui, au même titre que son acolyte, le caractérise. Au-delà de l’esprit d’aventure qu’ils partagent, l’enthousiasme est le trait de caractère qui les unit. Au printemps 2004, lorsqu’ils étaient tous les deux formateurs à l’Ecole hôtelière de Lausanne et qu’un représentant de Swiss Triathlon avait demandé sans trop y croire si deux chefs seraient prêts à accompagner les athlètes de la délégation à Athènes, ils n’avaient pas hésité une seconde. «Nous avons sauté sur l’occasion, et, dans le feu de l’action, nous avons eu la confirmation que nous pouvions travailler en parfaite osmose, sans même devoir nous concerter.»
Depuis 2004, ils n’ont raté aucune édition des JO, aussi bien d’été que d’hiver, d’où les liens très étroits qu’ils ont noués au fil des ans avec les sportifs, dont ils suivent les exploits entre chaque rendez-vous olympique. Bruno et Rodrigue gardent aussi un souvenir ému de «leur» première médaille d’or, celle de la triathlète zurichoise Nicola Spirig en 2012 à Londres, mais aussi de toutes les autres, quelle que soit leur couleur, à commencer par celle, de bronze, que la skieuse acrobatique vaudoise Fanny Smith a décrochée en 2018 à PyeongChang. «Nous avons une grande admiration pour ces athlètes que nous côtoyons, et, comme la participation à des JO est souvent l’objectif de toute une vie, nous nous sentons une grande responsabilité à leur égard.» C’est pourquoi Bruno et Rodrigue se plient en quatre et ne comptent pas leurs heures lorsqu’ils sont dans leur cuisine de campagne, souvent sous-équipée, comme l’an dernier en Corée où ils avaient dû préparer leur soixantaine de couverts sur une cuisinière deux plaques. «On a beau tout planifier, il y a toujours des imprévus: soudain une épreuve est annulée et toute l’équipe revient plus tôt que prévu, ou alors on réalise sur place qu’on a oublié les fourchettes, ce qui nous oblige à filer à Séoul», explique Bruno, membre de la Société suisse des cuisiniers.
En dépit de ces aléas, les deux chefs de cuisine restent toujours zen. «Notre expérience nous permet de garder notre calme et notre entrain en toutes circonstances», souligne Rodrigue, chargé de l’offre culinaire de plus de 30 restaurants chez SV Group. Ils se sentent aussi privilégiés de pouvoir participer à cette aventure depuis 15 ans, et sont reconnaissants vis-à-vis de leur employeur respectif qui les laisse y participer. En outre, les deux Suisses d’adoption – Rossignol est un Français naturalisé – ressentent une fierté particulière à l’idée de servir le pays qu’ils affectionnent et où ils vivent depuis de nombreuses années: «Rares sont les nations qui mobilisent des chefs pour l’occasion. Quand nous croisons des délégations étrangères avec nos containers qui fleurent bon nos plats cuisinés minute, elles n’en reviennent pas. Nos sportifs méritent bien ça!»
(Patrick Claudet)
Pour participer à cet événement prévu de 9 h à 17 h 30 au Casino Barrière de Montreux, inscrivez-vous via le formulaire en ligne ou auprès du secrétariat romand de Hotel & Gastro Union (021 616 27 07 ou info.vd@hotelgastrounion.ch). Prix: 50 francs pour les membres de HGU, 190 pour les non-membres, 150 pour les clients Pistor non-membres, 50 pour les formateurs accompagnant les apprentis (gratuit pour eux).
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