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Anton Mosimann: une retraite active sur les rives du Léman

Alors qu’il se retirera officiellement de son établissement londonien en fin d’année, le chef au nœud papillon vient d’être nommé doyen honoraire de la Culinary Arts Academy Switzerland, où il sera encore plus présent pour les étudiants.

Yong Shen, CEO de Swiss Education Group, avec le chef Anton Mosimann, élevé au rang de doyen honoraire. (DR)

C’est au cœur de la Mosimann Collection, installée depuis 2016 sur le campus de César Ritz Colleges Switzerland au Bouveret (VS), qu’Anton Mosimann a été élevé au rang de doyen honoraire de l’Académie des arts culinaires de Swiss Education Group (SEG). Un cadre à la fois familier et formel, puisque la cérémonie d’intronisation a eu lieu en présence des objets accumulés au fil de sa carrière, et en face d’un portrait de la reine Elizabeth II, emblème d’une famille royale à laquelle il est très attaché, et dont il a cuisiné pour quatre générations. «Avec cette distinction, nous rendons hommage à ce grand chef et souhaitons pérenniser son œuvre pour qu’elle continue à être une source d’inspiration pour les futurs chefs et hôteliers qui viennent étudier chez nous», a relevé Yong Shen, CEO de SEG, qui confiait à ses hôtes le 2 novembre au Bouveret que la Mosimann Collection est sa cachette préférée quand il est de passage au bout du lac.

Une collection de compliments

De son côté, Anton Mosimann s’est montré particulièrement ému au moment de recevoir son diplôme, laissant entendre que la pièce bénéficierait d’une place de choix dans le musée qui réunit sur quatre étages trophées, menus, photos et livres de cuisine, dont certains sont d’une valeur inestimable, à l’instar du livre de confitures de Nostradamus. Conteur hors pair, doté de surcroît d’une formidable mémoire, l’Officier de l’Ordre de l’Empire britannique a dressé un inventaire des compliments dont il a été gratifié au cours des ans – et ils sont nombreux –, jusqu’à cette remarque lâchée récemment par un client de son club londonien: «Il m’a demandé si j’étais bien Anton Mosimann. Quand j’ai acquiescé, il m’a dit, surpris: ‹Oh! vous êtes encore en vie?›»

Soutenir la relève

Plus tard, on demande au chef en quoi cette question est pour lui un compliment. «Les gens pensent qu’avec tout ce que j’ai accompli durant ma vie professionnelle, je ne peux être que mort. L’idée m’amuse beaucoup», confie-t-il. Mais pour celui qui pendant 33 ans a accueilli chaque soir ses hôtes à l’entrée de son restaurant, l’heure de la retraite a sonné. A la fin de l’année, il se retirera officiellement de cet établissement exploité depuis quelques années déjà par ses deux fils. Un crève-cœur? «C’est un drôle de sentiment, en effet, mais il est temps de tirer ma révérence. Cela me permettra de passer davantage de temps sur le campus, où je partagerai mon savoir-faire avec les jeunes étudiants, comme je le fais déjà régulièrement.»

Une retraite active, donc; l’occasion surtout d’encourager la relève à embrasser les métiers de l’hôtellerie-restauration. S’il reconnaît que la pandémie a le pouvoir de contrarier la vocation de certains, il encourage les jeunes à se frotter à un univers professionnel dont il souligne la dimension créative. «Il faut s’accrocher et savoir qu’il suffit parfois d’un rien pour qu’une carrière décolle.» Dans son cas, c’est la médaille d’or décrochée en 1974 aux Toques d’Or pour un menu qu’il récite de mémoire – «quenelle de brochet aux deux sauces et suprême de volaille farci à la banane et à la mie de pain avec sauce curry» – qui a fait la différence. «J’ai eu droit à mon premier article et on m’a proposé le poste de chef de cuisine du Dorchester à Londres. Si ça a marché pour moi, ça peut marcher pour tout le monde», sourit Anton Mosimann.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.culinaryartsswitzerland.com