Le restaurant de Gérard Rabaey va rouvrir sous la nouvelle étoile d’un jeune couple qui s’est fait connaître au 42, à Champéry (VS).
A l’heure de chausser ses raquettes et de repartir en virée à l’assaut des sommets, toujours aussi sportif et amoureux de sa région, Gérard Rabaey a retrouvé le sourire. Le Pont de Brent a désormais un repreneur et rouvrira à l’été, grâce à «un jeune couple très motivé, talentueux», dont il pense qu’il ira loin. En avril, Amandine Pivault et Antoine Gonnet poseront leurs valises et leurs couteaux dans la grande maison aux volets bleus, face au décor idyllique surplombant Montreux et le Léman. Installé depuis trois ans à Champéry, au 42, le duo a obtenu sa première étoile Michelin en février 2020, confirmé par la note de 16/20 au Gault & Millau, et n’entend certainement pas en rester là.
Un peu à l’étroit, à la suite de la distinction du guide rouge, ils avaient dû engager deux personnes pour les seconder dans leur adresse de poche – 25 couverts à tout casser – et se sentaient limités par la taille de la salle et l’exiguïté de la cuisine. Le fonctionnement saisonnier, avec des pics d’affluence marqués, est aussi compliqué à gérer et les deux jeunes gens se réjouissent de pouvoir s’épanouir bientôt à Brent, à la suite de Stéphane Décotterd, parti à Glion.
Ce qu’on y mangera? Une cuisine délicate, élégante et très personnelle: «Antoine est particulièrement inventif et nous aimons travailler les meilleurs produits de la région, bien sûr, sans oublier pour autant le répertoire de nos origines», souligne la Bretonne, dont le compagnon est Lyonnais. La cuisine d’Antoine Gonnet est aussi imprégnée de l’air du large, des voyages qui l’ont marqué, essentiellement en Asie; fou d’agrumes et de dashis, il en accompagne notamment un de ses plats signatures autour du thon.
La cuisine sera vraisemblablement à deux vitesses, avec un menu d’affaires et une carte plutôt courte à tonalité bistronomique, le midi, alors que le soir on prendra le temps d’un menu gastronomique. Ce qu’ils attendent de cette nouvelle page blanche? «Travailler d’abord avec notre cœur et continuer à prendre du plaisir, comme jusqu’ici», souligne Amandine.
Ouverture prévue le 9 juin, le temps de bien s’installer. Le décor du Pont sera légèrement revu, les boiseries sablées pour plus de luminosité mais pour le reste, le restaurant montreusien reste un magnifique outil de travail, qui répondra mieux aux ambitions et à la belle énergie du jeune couple. Respectivement en salle et en cuisine, Amandine Pivault et Antoine Gonnet, 30 et 33 ans, se sont rencontrés dans le décor tout aussi alpestre d’un autre Relais Château, celui doublement étoilé du Chabichou, à Courchevel.
On se souvient que la transition récente fut abrupte, Stéphane Décotterd ayant remis sans préavis et quasiment du jour au lendemain les clés à Gérard Rabaey, pour s’installer à l’Ecole hôtelière de Glion, où il officie désormais avec une équipe élargie à l’enseigne de la Maison Décotterd. Le chef triplement étoilé a d’abord songé à vendre, mais l’affectation du bâtiment doit rester la même, les candidats potentiels n’étant pas à même de réunir les fonds nécessaires.
(Véronique Zbinden)