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Karina Fruman remporte le Bocuse d’Or Suisse

La Soleuroise de 25 ans s’impose à la sélection helvétique et vise désormais l’Europe, portée par une dynamique de renouveau.

Karina Fruman a remporté, lundi 16 juin, la finale suisse du Bocuse d’Or, à Vitznau (LU).

Elle voulait marquer l’histoire, c’est chose faite. Karina Fruman a remporté, lundi 16 juin, la finale suisse du Bocuse d’Or, à Vitznau (LU). Première femme à décrocher ce titre, la jeune cheffe de 25 ans représentera la Suisse lors de la finale européenne du prestigieux concours au printemps 2026.

Dans le calme presque solennel des cuisines du Neuro Culinary Center, elle et son commis Emanuel Sarbach ont enchaîné les gestes avec précision. Turbot et canard d’Appenzell étaient au programme: une assiette, un plateau, quatorze convives à convaincre. Face à elle, un seul adversaire: Simon Grimbichler. A l’arrivée, c’est sa prestation qui a été saluée par le jury, notamment pour la justesse des saveurs et le respect du produit. Dès l’annonce des résultats, soulagée mais encore un peu incrédule, la gagnante a reconnu le défi que représente un concours de cette envergure, et le challenge posé par chaque composante du menu.

«Même si tout a globalement bien fonctionné, il y a toujours une part d’incertitude quand on réalise un programme de ce type», a confié celle qui dit vouloir d’abord se reposer avant de célébrer sa victoire. Ce couronnement suisse est d’autant plus symbolique qu’il marque une étape importante dans son parcours. Atteinte de la maladie cœliaque, elle n’a jamais laissé cette contrainte limiter ses ambitions. Déjà championne du monde avec la Kochnati junior en 2022, elle franchit ici un cap décisif.

Le soutien d’une nouvelle génération

«Elle a livré une prestation très solide», a résumé Franck Giovannini, président de l’Académie suisse du Bocuse d’Or. Il a salué la précision des saveurs, le respect du produit et la fidélité au thème imposé. «De manière générale, c’était très bon», a-t-il ajouté. Si la technique devra encore gagner en complexité en vue de la finale européenne, la cheffe pourra compter sur l’encadrement de l’Académie pour mettre toutes les chances de son côté.

Le calendrier a d’ailleurs été pensé en ce sens: en organisant la sélection suisse dès juin 2025, les organisateurs souhaitent donner un maximum de temps à la lauréate pour se préparer. Autour d’elle, une nouvelle dynamique se met en place. Avec le retrait de figures historiques comme Lucien Mosimann et Dario Ranza, ce sont de nouveaux visages qui s’engagent au sein du comité, et qui continueront à aider ponctuellement les candidats comme ils l’ont fait par le passé, à l’instar de Christoph Hunziker et de Filipe Fonseca Pinheiro.

Voilà donc Karina Fruman promise à une belle aventure. Avec un objectif en ligne de mire: devenir la première Suissesse à décrocher une place en finale internationale.

(Patrick Claudet)


HGH: Karina Fruman, vous venez de remporter la finale suisse du Bocuse d’Or. Quelles sont vos premières impressions?

C’est avant tout un immense soulagement. Après des mois de préparation intense, d’incertitudes et d’ajustements, cette victoire représente beaucoup. Il y a évidemment de la joie, mais aussi un grand sentiment d’apaisement.

Aviez-vous le sentiment, en sortant de cuisine, d’avoir livré une prestation à la hauteur?

Nous avons réussi à dérouler le programme comme prévu, dans l’ensemble. Mais dans ce type de concours, il y a toujours des éléments qui fonctionnent moins bien que lors des entraînements. On reste donc dans une forme d’attente prudente, même si les sensations étaient bonnes.

Quels ont été les principaux défis dans cette préparation?

Chaque composante du menu a posé ses propres difficultés. C’était très exigeant techniquement et physiquement. Certains moments ont été particulièrement durs, mais aussi très formateurs. Je sais que je m’en souviendrai longtemps.

Vous devenez la première femme à représenter la Suisse au Bocuse d’Or Europe. Est-ce un objectif que vous aviez clairement en tête?

Oui, c’était un moteur. Je voulais démontrer que c’était possible, et si cela peut encourager d’autres jeunes femmes à se lancer, tant mieux. C’est une étape importante, mais ce n’est qu’un début.

Quelles seront les prochaines étapes pour vous?

D’abord un peu de repos; j’ai deux chiens qui m’attendent à la maison, et j’ai besoin de souffler un peu. Ensuite, il faudra constituer une équipe, planifier les entraînements et entrer dans une nouvelle dynamique en vue de la finale européenne. L’objectif est clair: continuer à progresser.

Propos recueillis par Patrick Claudet


Le menu de Karina Fruman

Poisson

Création de turbot

Filet de turbot, farce de turbot au homard et herbes, glaçure au citron, sauce mousseuse

Composition chou-rave et petits pois

Fond de chou-rave, taco en gelée d’herbes farci d’une saladine de chou-rave et petits pois, purée de petits pois

Pâte levée sans gluten

Saupoudré d’amaretti et poivre rose, farce de beurre aux herbes


Viande

Création de canard

Suprême de canard, canard braisé, farce de canard à l’airelle (cranberry) et thym, jus de canard aux airelles (cranberry), carotte cuite avec chips de carottes et mayonnais au persillage bleu

Pommes de terre, bouillon moderne

Farcies d’une sauce mousseuse au beurre noisette et échalotes au vinaigre, servi avec un croustillant de pommes de terre