Membre de la Kochnati avec qui il disputera en novembre les Championnats du monde de cuisine, le Fribourgeois dévoile ces jours une sculpture en chocolat grandeur nature de Roger Federer.
On ne présente plus Jorge Cardoso. En 2017, le chef chocolatier décroche le premier podium suisse de l’histoire de la Coupe du monde de la pâtisserie, qu’il dispute aux côtés de Cédric Pilloud et Jean-Baptiste Jolliet, avant de remporter l’année suivante le titre de Meilleure pièce artistique durant les Championnats du monde de cuisine où il est présent avec la Kochnati. Un titre qu’il doit à une pièce un peu folle, comprenant notamment une horloge élaborée au scalpel et à la pince, et qui propulse sa carrière
Aujourd’hui, le Fribourgeois d’adoption dévoile dans sa boutique une nouvelle sculpture grandeur nature d’un sportif de haut niveau. L’homme en question? Roger Federer, pardi! La création mesure 1 m 85 et pèse 100 kg, soit 15 de plus que le joueur aux 20 Grand Chelem, ce qui ne l’empêche pas d’en être une réplique fidèle. L’idée de s’embarquer dans ce projet un peu fou, qui l’aura mobilisé au total 250 heures, vient de son amour du sport. «Je tenais aussi à rendre hommage à l’un des plus grands sportifs de tous les temps, qui se trouve être aussi un homme humble et respecté dans le monde entier», confie Jorge Cardoso.
Ce challenge s’inscrit aussi dans le prolongement d’une aventure de même nature, en l’occurrence la confection d’une sculpture en chocolat, elle aussi grandeur nature, du footballeur Cristiano Ronaldo. Là aussi, une histoire assez dingue. «J’ai commencé à élaborer ma pièce seul dans mon coin, et, au final, elle s’est retrouvée au musée CR7 à Madère, l’île natale de l’international portugais. C’est une opération que j’ai entièrement financée de ma poche – y compris le transport en cargo au départ de Lisbonne –, mais c’est une fierté personnelle», confiait-il le printemps dernier, au moment où il avait annoncé son grand retour au sein de la Kochnati.
Le projet est d’autant plus culotté qu’il a été mené parallèlement à la création de sa propre structure. Après avoir été chef chocolatier chez Suard, à Fribourg, Jorge Cardoso a en effet inauguré sa boutique le 2 octobre dernier. Une aventure entrepreneuriale dans laquelle il s’est lancé avec sa compagne Daniela, qui tient la boutique de la rue de Lausanne à Fribourg, tandis qu’il travaille dans son laboratoire de Marly. «En réalité, nous avions d’autres plans, mais la pandémie de coronavirus les a contrecarrés. Et c’est par hasard que nous sommes tombés sur l’annonce d’un local commercial, alors que nous cherchions un appartement. La décision d’y installer un laboratoire a été prise très vite et nous l’avons équipé dans la foulée avec le matériel que j’avais gagné lors de concours, et qui était entreposé jusqu’alors dans le garage de mes parents», raconte le trentenaire.
Les débuts? Intenses. Jorge et Daniela travaillent non-stop en prévision des fêtes de fin d’année; le succès est rapide, il les contraint à un rythme d’enfer. Dans son assortiment, on retrouve quelques-unes de ses pièces signatures, à commencer par le caquelon ornant la sculpture qui lui avait valu le titre de champion du monde. Dans le même esprit, il développe une création sur le thème de la raclette, avec assiette, patates et cornichons en chocolat, que sa clientèle plébiscite. D’autres projets sont en gestation, aussi bien dans son esprit que dans les carnets de note qu’il emporte partout avec lui. Une marotte qui remonte à l’adolescence, quand il préparait son entrée à l’université au Portugal afin de devenir designer ou ingénieur. Mais la crise économique de 2007 pousse sa famille à venir s’installer en Suisse. A 17 ans, il se retrouve à Fribourg, sans parler un mot de français. Au cursus académique, il préfère l’apprentissage de cuisinier, qu’il complète avec un second CFC de pâtissier – réussi brillamment avec une moyenne de 6 – et une formation de chocolatier chez David Pasquiet à Crans-Montana. La suite, on la connaît.
(Patrick Claudet)