Le journaliste Pierre Thomas a procédé par soustraction pour établir la liste des vins qu’il présente dans un ouvrage fraîchement paru, richement illustré et représentatif du vignoble helvétique.
Depuis le certificat de marchand de vins qu’il a décroché en 1990 à l’Ecole de viticulture et d’œnologie de Changins, Pierre Thomas écrit sur le vin. Les lecteurs de Hôtellerie Gastronomie Hebdo connaissent bien sa signature, tout comme celles et ceux qui le lisent dans Encore! (encarté dans Le Matin Dimanche) ou le magazine de la Confrérie du Guillon. En plus d’orner la couverture de nombreux ouvrages consacrés au vin, son nom figure en outre régulièrement, et depuis longtemps, dans la liste des membres du jury de rendez-vous internationaux, dont le Concours mondial de Bruxelles, auquel il a participé à 25 reprises.
Ce n’est pas donc un hasard s’il reçoit un jour de 2020 un coup de fil de l’éditeur allemand Emons, basé à Cologne, dont la collection «111» se décline sous la forme d’inventaires de lieux touristiques à découvrir ou d’activités ludiques à entreprendre en famille ou entre amis. La proposition? Rédiger un ouvrage recensant «111 vins suisses à ne pas manquer» en vue d’une parution en français et en allemand et d’une distribution à large échelle, l’opus bénéficiant d’un tirage initial de 3000 exemplaires dans chacune des langues.
Bien que le projet semble idéal pour se créer des ennemis, Pierre Thomas choisit de relever le défi. Il commence par dresser une liste de 50 cépages (sur les 250 cultivés en Suisse), puis de 135 vins répartis dans les six régions viticoles du pays, selon un ratio proportionnel à leur nombre d’hectares respectif.
Durant cette première phase, cruciale, Pierre Thomas suit les conseils de Luzia Schrampf, autrice d’un volume similaire dédié aux crus autrichiens, avec qui il a souvent visité les vignobles italiens. «Elle m’a suggéré de mélanger les domaines connus et moins connus. Je me suis basé sur les vins que je connaissais et ceux dont je connaissais les vigneronnes et vignerons, procédant par soustraction pour atteindre le chiffre de 111. J’ai aussi visité plusieurs producteurs de Suisse alémanique, grâce au soutien de Swiss Wine.»
Au sommaire? Une sélection de 111 vins illustrée par autant de photos de Tobia Fassbinder, à qui les producteurs cités ont dû envoyer deux bouteilles – non sans quelques péripéties, que Pierre Thomas décrit avec humour sur son blog (thomasvino.ch) – et qui est parvenu à sublimer les flacons en alternant les mises en scène dans une esthétique sobre et élégante. Quant aux textes, on y retrouve la patte journalistique de celui qui a toujours valorisé les hommes et les femmes derrière les vins, sans pour autant négliger les aspects techniques qu’il évoque à la fois avec précision et dans une grande économie de moyens. A noter aussi la parité (fortuite) entre rouges et blancs et la surreprésentation proportionnelle à la fois des vigneronnes et des vins bios. «En Suisse, le bio représente 15 % du vignoble; dans mon livre, 40 % des vins sélectionnés. A terme, ce mode de culture va s’imposer dans l’ensemble du pays, j’en suis convaincu.»
(Patrick Claudet)
Dans cet opus publié en français et en allemand, Pierre Thomas a choisi 111 vins suisses – le chiffre éponyme d’une collection qui rend hommage au premier jour du carnaval de Cologne, et riche de 400 titres. Des crus élaborés par des vigneronnes et vignerons comptant parmi les meilleurs du pays, entre valeurs sûres et talents émergents.
Emons Verlag
256 pages, broché, illustré par 111 photos
ISBN 978-3-7408-1291-1