Mediadaten Données Media Olympiade der Köche

Un pop-up étoilé en guise de passerelle

La cuisine est un formidable outil d’intégration. La preuve avec Agora, projet genevois soutenu par plusieurs stars de la gastronomie.

Favoriser la rencontre entre les réfugiés et la population en utilisant la cuisine pour communiquer, telle est l’ambition du projet Agora. (DR)

On connaissait Mazi Mas à Londres, ou le Refugee Food Festival, à Paris notamment, qui font appel à des immigrés pour les former au sein de restaurants d’intégration. Rien de tel jusqu’ici à Genève, qui enregistre le plus faible taux d’emploi des réfugiés de Suisse (22 %, la moyenne étant de 41 %, loin des objectifs nationaux).

Au printemps 2022, un formidable projet devrait toutefois voir le jour dans le quartier des Organisations Internationales. Agora sera un restaurant géré par une équipe de chefs immigrés, encadrée par deux professionnels en cuisine et un en salle. Une formation professionnelle sera proposée aux salariés, ainsi que des cours de français et divers événements culturels pour susciter des rencontres entre les communautés. Agora proposera aussi des stages de six mois.

A l’origine du projet, l’énergie visionnaire de Sarah Hoibak, Dan Stein et une dizaine d’autres bénévoles. Ces entrepreneurs sociaux ont commencé par un pop-up en 2016: «C’était l’époque des premières vagues de réfugiés de Syrie, accueillis dans des conditions souvent difficiles, explique Sarah. Nous avons organisé un repas aux Pâquis pour sortir les gens de leurs foyers et leur offrir un lieu de rencontre avec la population, en utilisant la cuisine pour communiquer. Ca a été un vrai déclic. Les gens sont venus pour aider, goûter et après, ils ont dit woaw c’est trop bon!»

Rendez-vous le 6 novembre

Ainsi est né Cuisine Lab – association gérée par des bénévoles – avec son service traiteur assuré par des réfugiés venus de Syrie, du Sri Lanka, d’Erythrée ou d’Iran, notamment. Des dizaines de repas ont suivi, 150 réfugiés ont servi plus de 5000 clients; un événement avec Al Gore, un autre avec Kofi Annan lui ont donné une visibilité auprès de la communauté internationale.

Là-dessus est arrivé le Covid, qui a mis en lumière la fragilité de l’édifice: «Les réfugiés ont besoin de stabilité et d’un travail à plein temps, mais aussi de se former ou se perfectionner en cuisine et en français, la langue restant l’obstacle majeur à des engagements ultérieurs», explique Sarah Hoibak. Ce 6 novembre, à La Vie des Champs, les chefs réfugiés Gaayathryi Sathasivam, Saba Temelso, Sajad Fothui et Talal Rankousi seront coachés par Thomas Frebel parrain de l’association (Inua, Tokyo; Noma, Copenhague) pour proposer des spécialités de leurs pays d’origine. Les accords mets-vins seront imaginés par une autre star, la sommelière Amanda Wassmer-Bulgin. Le repas sera suivi d’enchères offrant notamment des repas privés signés Thomas Frebel.

(Véronique Zbinden)


Davantage d’informations:

www.cuisinelab.ch