Trois assemblages de gamaret-garanoir 2021 se sont imposés aux Lauriers de Platine rouge du label Terravin, à Soleure. Décodage.
Avec un trio formé d’«outsiders» – le vainqueur du trophée, le Domaine de La Crosettaz, sur les hauts de Gilly, et son Désir Noir, Grand Cru de Tartegnin, AOC La Côte, suivi par Montchanoir, d’Yves Martin, Grand Cru de Montcherand, AOC des Côtes-de-l’Orbe, et par Le Courson, du Château de Valeyres, du président de l’AOC des Côtes-de-l’Orbe, Benjamin Morel, tous des gamaret-garanoir de 2021 –, on pourrait croire que les vins rouges labellisés Terravin montrent une remarquable harmonie. Il n’en est rien.
Pierre Monachon, président de terravin
Que les 2021, année difficile dans le vignoble vaudois, mais moins qu’en Valais (lire en page 2), ait plu à la vingtaine de jurés, conviés à Soleure, pour cette 5e édition de la «coupe des coqs» rouges vaudois, est aussi méritoire que prometteur. Que ces deux «nouveaux cépages», tirés du croisement du gamay et du reichensteiner à Changins (VD), il y a plus d’un demi-siècle (1970!), s’imposent paraît tout aussi réjouissant quand des vignerons plus réputés les dédaignent.
Derrière ce verdict d’un jour, se cache la grande disparité des vins rouges vaudois. Aucun cru du Chablais et de Bonvillars n’avait été présélectionné parmi les 16 qualifiés. Aucun pinot noir, non plus, alors que c’est le cépage le plus cultivé de Suisse et le rouge le plus présent dans le vignoble vaudois (à 65 % cultivé en blanc...), et seulement cinq vins en monocépages (un gamay, un garanoir, un galotta, un merlot et une syrah), contre dix vins contenant du gamaret. A peine sorti des caves, le 2021 a convaincu par sa fraîcheur de fruit, sa palette aromatique et une honnête constitution, alors que la compétition était ouverte aux cinq derniers millésimes, soit neuf 2020 (le meilleur d’entre eux termine quatrième...) pour cinq 2021, et un seul 2018 et 2019. Enfin, ce palmarès est le reflet d’un acte volontaire des vignerons, a rappelé le président de Terravin, Pierre Monachon.
Le label, piloté par les vignerons vaudois, craint du reste pour sa survie. L’an passé, 1,8 million de macarons à apposer sur les bouteilles ont été vendus, soit 20 % de moins qu’une année normale. Et cette année, en raison de la faible quantité du millésime 2021, les ventes, à 20 centimes pièce, peinent aussi. Pour Terravin, c’est le signe que le vignoble vaudois est en crise, entre l’écoulement des stocks des années précédentes et un millésime faible en quantité, qui, aux yeux de certains producteurs, les dispense de publicité.
Voilà qui pourrait être un intéressant sujet de discussion, lors des caves ouvertes vaudoises de Pentecôte, prévues les samedi et dimanche 4 et 5 juin, chez 200 vignerons-encaveurs. Il faut passer au préalable par le site mescavesouvertes.ch pour acquérir un ticket à 40 francs, qui donne droit à un bracelet d’accès et un verre, ainsi qu’aux transports publics gratuits, et qui permet de récupérer 20 francs, à condition d’acheter six bouteilles dans une cave. Une formule payante voulue par l’Office des vins vaudois (OVV), alors que d’autres caves ouvertes sont gratuites.
(Pierre Thomas)