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La révolution numérique prend un tour financier chez The Fork 

Leader européen de la réservation de restaurants en ligne, la plateforme célèbre ses 15 ans en déployant une stratégie visant à faciliter les paiements et accorder à terme des prêts aux restaurateurs.

  • Asperges blanches, rouget grondin, bulot et poutargue: le plat d’Hélène Darroze pour les 15 ans de The Fork. (DR)
  • Selon Almir Ambeskovic, la communauté The
    Fork dépense plus et fait moins souvent no-show que les autres clients.

La légende veut que le concept de The Fork ait été développé à la suite d’une discussion avec Alain Ducasse et Laurent Plantier. Cofondateurs de la plateforme, Bertrand Jelensperger et Patrick Dalsace imaginent un site permettant «aux consommateurs de découvrir et réserver des restaurants». Lancé en 2007, le projet peut s’appuyer sur la dimension novatrice de ses services – c’est, en Europe, le premier «agenda de réservation en ligne». Mais la stratégie visant à séduire les restaurateurs avant d’attirer un large public, et celle consistant à miser rapidement sur les applications mobiles, expliquent sans doute mieux encore le succès rapide du modèle commercial. En 2014, la plateforme est rachetée par Trip Advisor, et, l’année suivante, elle entame son développement international en débutant par la Suisse.

Solution de paiement maison

Aujourd’hui, The Fork compte 60 000 restaurants partenaires dans 12 pays, 30 millions de téléchargements de son application et plus de 20 millions de visites mensuelles. Au siège de Paris, là où en plein 9e arrondissement la cafétéria accueille une table de ping-pong et deux babyfoots comme dans toute start-up qui se respecte, Almir Ambeskovic, nommé président-directeur général en 2021 à la suite de Bertrand Jelensperger, a levé le voile, fin mai, sur la stratégie de l’entreprise.

La nouveauté, c’est d’abord l’implémentation progressive d’une solution de paiement maison, actuellement à l’essai dans 25 000 restaurants de France, d’Italie et d’Espagne, et dont l’arrivée en Suisse est prévue en 2023. «L’idée est de rendre l’expérience plus fluide. Souvent, tout se passe bien jusqu’à ce que ce soit l’heure de payer. Grâce à The Fork Pay, le règlement est simplifié à l’extrême pour le client et particulièrement avantageux pour le restaurateur, puisque nous ne facturons aucuns frais de transaction», a expliqué en substance le natif de Sarajevo, lequel a rejoint The Fork lors de l’opération de croissance externe qui avait scellé en 2017 le rachat de son entreprise Restopolis basée à Milan. A cette fonctionnalité s’ajoutent deux produits, dont le lancement ne concerne pour l’heure pas encore le marché helvétique: la carte cadeau et la possibilité de payer la note avec un QR Code pour celles et ceux qui ne disposent pas de l’application.

Yield management avancé

Depuis ses débuts, la plateforme se targue d’avoir envoyé 420 millions de personnes dans ses restaurants partenaires. «L’objectif est d’en envoyer dix fois plus au cours des 15 prochaines années. Il nous a fallu du temps pour construire nos outils et notre réseau; maintenant qu’ils sont en place, nous allons pouvoir accélérer notre développement», a ajouté le P.-D.G.

Au cœur de la stratégie figure la notion de yield management, qui consiste à adapter les tarifs en fonction de la demande. Courante depuis longtemps dans l’aviation et l’hôtellerie, cette pratique, inexistante dans le secteur de la restauration il y a 15 ans, commence à être utilisée pour attirer la clientèle, notamment lorsque les opérateurs accordent des rabais de 10 à 20 % à certaines dates via l’application. «Or, il faudra que la clientèle s’habitue à payer davantage si elle veut une table un samedi soir dans son restaurant préféré. Les hôtels augmentent leurs tarifs en période de forte affluence, pourquoi pas les restaurants?»

D’autres projets sont à l’étude. Par exemple? La possibilité pour les clients de «manger maintenant et payer plus tard» ou encore celle d’intégrer les bars, boulangeries ou tout autre point de vente à l’outil de paiement. Sans oublier l’octroi de prêts aux restaurateurs, que la plateforme serait en mesure de conseiller au moment de planifier le lancement de leurs activités grâce à l’immense volume de données dont elle dispose – un atout pour les professionnels et une façon de minimiser les risques pour The Fork.

«Le prix doit pouvoir être revu à la hausse si la demande est forte»

Almir Ambeskovic, PDG de The Fork


Et Alain Ducasse dans tout ça? Toujours fidèle à The Fork, il a été associé à la fête des 15 ans, qui a pris la forme d’une croisière gastronomique sur la Seine à bord du Ducasse sur Seine, où ont officié à ses côtés les chefs Hélène Darroze, Martín Berasategui et Enrico et Roberto Cerea, ainsi que la cheffe pâtissière Jessica Préalpato. Une soirée «46 étoiles», dixit Almir Ambeskovic, comme pour mieux rêver la suite.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

thefork.ch