Le baromètre des apprentis 2022 de Hotel & Gastro Union le montre clairement: les jeunes ont envie de changer d’air. Au terme de leur formation, si les uns (31 %) souhaitent aller travailler à l’étranger, les autres (19 %) veulent quitter la branche.
D’abord, la bonne nouvelle: le nombre d’apprentis qui restent dans la branche de l’hôtellerie-restauration après leur formation initiale (57 %) est stable par rapport aux années qui ont précédé la pandémie. La mauvaise nouvelle? Ceci est aussi vrai pour le nombre de ceux qui veulent la quitter ou qui sont encore indécis (43 %), les raisons de ce désamour n’ayant pas changé elles non plus (voir ci-dessus).
La principale cause de démotivation citée par les apprentis de la branche concerne les horaires, suivie du manque de considération de la part de leurs supérieurs hiérarchiques. Ces facteurs occupent les deux premières places dans les cinq métiers étudiés.
Les apprentis boulangers (52 %) et ceux qui travaillent dans la restauration (51 %) sont particulièrement mécontents de leurs horaires. Le manque de considération est en revanche plus souvent cité par ceux qui suivent une formation dans le secteur commercial et dans celui de la communication hôtelière (42 %) ou de l’intendance (32 %).
En cuisine (19 %), dans la restauration (22 %) et dans l’intendance (21 %), les salaires insuffisants constituent une raison de quitter la branche, ce qui n’est pas le cas chez les employés de commerce et les apprentis en communication hôtelière (10 %) ou les boulangers-pâtissiers-confiseurs (13 %), les premiers citant plus souvent la difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée (33 %).
Trente-quatre pour cent des boulangers-pâtissiers-confiseurs ont d’autres motivations, qu’ils ne précisent pas. Nombre de spécialistes en hôtellerie (28 %) et de cuisiniers (21 %) veulent changer de voie car le métier ne leur plaît plus.
A vrai dire, l’hôtellerie-restauration ne peut tout simplement pas se permettre de perdre ses apprentis après la procédure de qualification, comme le montre une enquête flash initiée par HotellerieSuisse en janvier 2022.
Plus des deux tiers des établissements ont du mal à pourvoir tous les postes vacants. En raison du manque de personnel, plus de 10 % d’entre eux ont dû opérer des fermetures partielles, voire complètes, pendant un certain temps. Un établissement sur quatre a réduit l’étendue de ses prestations. Suite à la pandémie, le manque de personnel qualifié n’est pas le seul souci: 85 % des personnes interrogées font aussi face à des problèmes pour recruter des extras, ce qui a également des conséquences pour les apprentis (voir page de droite).
Pour Hotel & Gastro Union, ce problème ne peut être résolu qu’en collaboration avec les organisations patronales, dans le cadre d’un véritable partenariat social à la fois ambitieux et courageux.
C’est pourquoi, dans son Manifeste, Hotel & Gastro Union appelle les organisations patronales à prendre leurs responsabilités et à mettre en œuvre des stratégies ouvertes au lieu de protéger les établissements les plus faibles par le biais de mauvaises conditions d’embauche. Gastrosuisse doit donc lever le blocage des négociations, en vigueur depuis 2019, et négocier une CCNT correspondant aux besoins de la branche.
Selon Hotel & Gastro Union, il est par ailleurs urgent de repenser l’organisation du travail. C’est ainsi qu’il faudrait notamment favoriser la mise en place d’horaires plus souples, offrir de meilleures perspectives salariales et, last but not least, amorcer un réel changement culturel en matière de style de management.
(Riccarda Frei)
Depuis 2004, Hotel & Gastro Union évalue le degré de satisfaction des apprentis de la branche de l’hôtellerie-restauration. Cette année, quelque 1400 apprentis ont participé à cette grande enquête représentative menée par l’institut d’études Ipsos, basé à Root (LU).
7888
D’après l’Office fédéral de la statistique, 7888 apprentis ont suivi en 2020/21 une formation professionnelle initiale dans le domaine de la restauration et du catering, dont 3820 femmes et 4068 hommes, ce qui constitue un rapport plutôt équilibré.
Quelque 1400 personnes ont répondu au questionnaire du baromètre des apprentis de Hotel & Gastro Union.
76 %
La grande majorité des apprentis (76 %) considèrent que leurs formateurs sont qualifiés.
Lieu de scolarisation
La plupart des apprentis interrogés vont à l’école dans les cantons de Berne, Lucerne et Saint-Gall.
70 % des apprentis estiment que le climat de travail dans leur entreprise est bon ou très bon.
66 %
C’est le pourcentage des sondés qui trouvent que leur entreprise «prend le temps de former ses apprentis». Ce chiffre est nettement plus élevé dans la restauration collective que dans l’hôtellerie- restauration classique.
Les apprentis de la restauration collective sont plus nombreux à rester dans la branche.