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Uchitomi: itinéraire d’un chef pâtissier devenu importateur

Pâtissier de formation, Tatsuya Uchitomi contribue depuis près de 20 ans à la promotion des spécialités culinaires japonaises à Genève et Lausanne.

Lausannois d’adoption, Tatsuya Uchitomi est originaire de Hiroshima. (Unsplash)

Depuis l’ouverture en 1991 de son premier point de vente à Genève, une modeste arcade située à la rue de Zurich où il confectionnait une trentaine de barquettes de sushis par jour, Tatsuya Uchitomi a fait du chemin. Aujourd’hui à la tête d’un petit empire lémanique qui comprend quatre boutiques – deux à Genève et autant à Lausanne –, il s’est imposé comme le spécialiste incontournable des produits japonais qu’il importe directement de son pays natal en remplissant chaque mois deux containers. A ses débuts, pourtant, la cuisine nippone était encore largement méconnue en dehors d’un cercle d’amateurs qui n’a depuis cessé de s’élargir, notamment grâce aux efforts de promotion qu’il a consentis. La preuve: les boutiques Uchitomi produisent aujourd’hui tous les jours près de 3500 pièces et réalisent un chiffre d’affaires annuel de plus de six millions de francs.

De Tokyo à Lausanne via Zurich 

Le premier surpris de ce succès fulgurant est peut-être Tatsuya Uchitomi lui-même. Non qu’il doute de la qualité de ses produits – il choisit personnellement tous ses fournisseurs et retourne au moins une fois par année au Japon –, mais plutôt que rien dans son parcours ne le prédestinait à se consacrer à l’importation de spécialités alimentaires, dont les plus demandées sont la sauce soja, les légumes, le riz et le saké.

Né à Hiroshima dans une famille de pâtissiers, Tatsuya Uchitomi s’installe vers l’âge de 20 ans à Tokyo, où il entame des études universitaires. Une manière de tourner le dos à la profession de son père? Pas vraiment. Il décroche une bourse de l’Etat français pour suivre une formation de boulanger-pâtissier en parallèle de son cursus académique. A la clé: la promesse d’un stage professionnel en France, sauf que le programme est interrompu en cours de route. Il ne renonce toutefois pas à l’idée de partir travailler à l’étranger; une connaissance lui présente un chef de cuisine suisse installé à Yokohama, qui l’envoie à Zurich. «J’avais appris le français et je me suis retrouvé dans un pays germanophone, il a fallu s’adapter», se souvient-il. Mais il n’abandonne pas. Après une expérience de six mois à Paris, il est engagé comme chef pâtissier au Royal Savoy, à Lausanne.  

C’est là que sa vie bascule. Il rencontre celle qui va devenir son épouse, avec qui il part s’installer à Hiroshima pendant deux ans et demi. «C’était au milieu des années 1970, la ville n’était pas aussi cosmopolite qu’aujourd’hui, nous sommes rentrés en Suisse.» Ses quatre filles y naissent et grandissent à mesure que la petite entreprise familiale qu’il fonde après avoir été chef pâtissier à Vidy se développe. Deux de ses filles travaillent d’ailleurs au sein de la PME qui emploie une quarantaine de collaborateurs: la première à Lausanne, la seconde à Genève dans la nouvelle boutique de la rue du Rhône. 

(Patrick Claudet)