CEO de Genolier Patient Services, Babs Siclet a contribué au renouveau d’une clinique emblématique de la Riviera vaudoise. Elle est aussi l’instigatrice du Culinary Challenge. Portrait.
C’est le 28 septembre qu’aura lieu à Berne la finale de la troisième édition du Culinary Challenge. Six équipes se mesureront dans le cadre d’une épreuve visant à préparer un menu de trois plats sur un thème imposé, et répondant à un double objectif: d’une part, donner la possibilité aux cuisiniers de Swiss Medical Network de s’approprier le concept Saveurs & Equilibre, et, d’autre part, créer une certaine émulation au sein des brigades dont l’un des membres est invité à déposer un dossier de candidature – le chef, lui, fait office de coach. Cette année, la Clinique de Montchoisi défendra son titre face aux représentants de Clinica Sant’Anna (gagnante de la première édition) et de quatre autres institutions romandes (Clinique de Valère, Clinique Valmont, Clinique de Genolier, Nescens Clinique de Genolier).
Lancé en 2017 par Babs Siclet, CEO de Genolier Patient Services, ce concours symbolise la volonté du groupe d’instiller un esprit hôtelier et une touche gastronomique au sein de ses 17 cliniques réparties dans toute la Suisse. Une stratégie dont le déploiement est intimement lié au parcours de celle qui promeut aujourd’hui la qualité des soins et de l’accueil de neuf cliniques à l’international et qui, dès son entrée dans le groupe, a cherché à abolir les barrières entre le monde des soins et celui de l’hôtellerie. Retour en arrière.
Lorqu’elle est engagée en 2007 comme assistante commerciale, la Clinique Valmont où elle est basée vient d’être rachetée par Swiss Medical Network. Inauguré en 1905, l’établissement est certes l’un des plus emblématiques de l’arc lémanique, son histoire se confondant avec celle du poète et écrivain Rainer Maria Rilke qui y est mort en 1926 et son cadre grandiose servant de toile de fond au roman La Trinité de Jacques Chessex, mais il porte surtout la marque des années. «La mission que l’on m’avait confiée était de promouvoir la clinique auprès de la patientèle privée et étrangère, ce qui s’est vite révélé une gageure. Le produit ne correspondait tout simplement pas aux attentes du marché», se rappelle Babs Siclet.
Pour elle qui s’est formée dans l’hôtellerie, le diagnostic est d’ailleurs sans appel: les prestations offertes aux patients doivent être repensées, faute de quoi l’établissement spécialisé dans la réadaptation neurologique et orthopédique ne remplira jamais ses chambres, en dépit de la qualité des soins et du plateau technique.
Partant de ce constat, elle met en place une série de directives destinées à soigner la notion d’accueil, et qui sont progressivement déployées au sein des équipes en contact avec la patientèle, tandis qu’un rafraîchissement des infrastructures est entrepris. Parallèlement, elle gravit les échelons hiérarchiques jusqu’à être nommée directrice adjointe, puis reprendre un an plus tard la direction de l’établissement, à moins de 30 ans. Nous sommes alors en 2010. Peu après, on lui confie la direction des Services aux patients, un département gérant les prestations non médicales de toutes les cliniques de Swiss Medical Network, et on la nomme dans la foulée à la direction générale du groupe (des fonctions qu’elle occupe encore à ce jour). L’aboutissement d’un rêve? Non, juste le début de l’aventure.
Début 2012, elle rend visite à un patient installé dans la suite Belle Epoque, qu’il trouve si vieillote qu’il hésite à quitter la clinique des hauts de Montreux. Babs Siclet cherche à le convaincre de rester, vantant dans la langue de Shakespeare qu’elle maîtrise parfaitement la qualité des soins prodigués à Valmont. Son interlocuteur hausse le sourcil: son accent, d’où vient-il? D’un peu partout, répond celle qui a vécu de 13 à 18 ans en Australie et voyagé partout dans le monde avec ses parents. Ce n’est pourtant pas l’accent aussie qui interpelle son interlocuteur, mais plutôt sa prononciation rhotique en fin de syllabe – l’une des particularités phoniques de l’anglais écossais. De fil en aiguille, la jeune directrice réalise que son patient est le propriétaire du domaine voisin de l’hôtel écossais où elle a travaillé plusieurs mois à la suite de ses études dans une école hôtelière à Paris – le monde est petit! Entre eux, le courant passe tout de suite, et, lorsqu’elle relaie les commentaires de son hôte à Antoine Hubert, administrateur délégué du conseil d’administration de Swiss Medical Network, ce dernier décide sur-le-champ de rénover un étage entier. Bientôt suivis par d’autres, ces travaux d’envergure marquent le véritable renouveau de Valmont, désormais l’un des fleurons du groupe, et clinique dont Babs Siclet cède la direction en 2018 avec le sentiment du devoir accompli.
Au cœur de la charte des services aux patients qu’elle a implantée à Valmont, puis dans tout le groupe, figure la notion d’accueil. Un héritage de son passé dans l’hôtellerie-restauration – après l’Ecosse, elle a travaillé dans un restaurant étoilé à Montréal puis au Montreux Palace & Spa –, mais pas seulement. «En tant que conseiller scientifique auprès de l’ambassade de France, mon père a été en poste dans différents pays. Depuis toute petite, j’ai donc voyagé et vécu à l’étranger. Et comme nous recevions à domicile, ma mère se chargeait d’organiser elle-même les réceptions. A ses yeux, le service et l’accueil ont toujours revêtu une importance capitale, et les principes qu’elle m’a inculqués ont guidé la suite de mon parcours.»
Et si, après avoir décroché son bac à Singapour, elle reconnaît avoir hésité entre des études de philosophie et une école hôtelière, elle se félicite d’avoir opté pour cette industrie qui la passionne, et dont elle a pu décliner les valeurs au sein d’un groupe qui a su lui donner sa chance.
(Patrick Claudet)