Une ambassadrice qui a le feu sacré

Avec son titre de Championne de service 2020, Adélie Chatton entend œuvrer à la valorisation de son métier de spécialiste en restauration et poursuivre en parallèle sa formation. Portrait.

Le flambage nécessite une grande concentration, mais l’entraînement intensif d’Adélie Chatton lui a permis de maîtriser l’épreuve avec brio. (Claudia Link)

Toute bonne comédienne vous le dira: c’est à partir du moment où l’on maîtrise son texte que l’on peut tirer le meilleur de soi et s’amuser sur scène ou devant une caméra. Ce sur quoi tout bon cuisinier ou spécialiste en restauration renchérira: c’est lorsqu’on a entraîné cent fois les mêmes gestes que l’on est en mesure de les reproduire sereinement et avec le sourire devant le jury et le public d’un concours professionnel. 

Savourer l’instant 

Issue du Cours Florent où elle s’est formée durant trois ans au métier d’actrice, et titulaire d’un CFC de spécialiste en restauration décroché l’été dernier à la suite d’une procédure de qualification par l’article 32, Adélie Chatton a mis toutes les chances de son côté avant de participer à la 11e édition du Championnat de service organisé par la Société professionnelle de la restauration (spr): elle s’est entraînée pendant quatre mois avec Jacques Ballois, enseignant CIE pour la restauration chez Hotel & Gastro formation Vaud. D’abord une fois par semaine, puis à un rythme plus soutenu à l’approche de la compétition. Le résultat? Une prestation sans faute le 18 novembre à Igeho, où elle s’est sentie de plus en plus à l’aise à mesure que les épreuves s’enchaînaient. «Le flambage, je l’ai abordé comme une chorégraphie dont j’avais mémorisé chaque mouvement, ce qui m’a permis de savourer l’instant. Tout comme j’ai adoré préparer mes cocktails et ma boisson lactée, un tiramisu revisité dans l’esprit d’un latte macchiato, pendant que j’interagissais librement avec le public», explique la Lausannoise de 30 ans. Passée la déception de ne pas avoir remporté le prix du public pour sa table d’exception, réalisée avec le soutien de sponsors tels que Berndorf et Schilliger, elle est revenue à Bâle avec son coach le mercredi pour la cérémonie de remise des prix. Avec l’issue – heureuse – que l’on connaît. 

Un enthousiasme communicatif 

Championne de service 2020, Adélie Chatton entame aujourd’hui un nouveau chapitre de sa vie professionnelle. Elle le dit d’emblée: elle entend désormais œuvrer à la valorisation de son métier de spécialiste en restauration. C’est en qualité d’ambassadrice de la spr qu’elle a ainsi prévu de participer en 2020 à plusieurs événements. «Je suis à un âge et à un moment de mon parcours où je ressens l’envie de contribuer à une meilleure reconnaissance de notre branche. Voilà sept ans que je travaille au Café des Avenues, à Lausanne, et, grâce à mon expérience pratique et à la formation de base que j’ai entreprise sur le tard, j’ai le sentiment que je peux apporter quelque chose de frais», explique celle qui a terminé son CFC en étant la meilleure de sa classe et parmi les meilleures de sa volée.    

Son enthousiasme, elle a déjà pu le communiquer aux apprentis qu’elle a croisés la semaine dernière chez Hotel & Gastro formation Vaud, où sont dispensés les cours interentreprises. La championne s’y est rendue pour remercier de vive voix son coach, ainsi que le directeur Eric Dubuis, qui lui ont mis à disposition un local pour s’entraîner. La discussion s’est transformée en  fête surprise quand tous ceux qui l’ont accompagnée dans l’aventure – ses patrons, ses sponsors, la spr, l’équipe de HGF-VD, dont les chefs Boulard et Riesen, etc.  – ont surgi pour célébrer sa victoire. «Le buffet avait été préparé par les apprentis, et, quand j’ai discuté avec eux, je leur ai dit de croire en ce qu’ils font et de tout faire pour être eux aussi des ambassadeurs de leur profession.» Un message qui est passé cinq sur cinq, à en croire les grands yeux avec lesquels les jeunes professionnels ont écouté le récit de son aventure bâloise.

A un niveau plus personnel, ce premier contact avec la relève lui a donné le sentiment de boucler la boucle. «Après le Cours Florent, je suis rentrée en Suisse parce que j’ai senti que je n’avais pas ce qu’il fallait pour devenir une comédienne professionnelle. C’est à ce moment-là que j’ai voulu intégrer la filière sociale et que j’ai travaillé pendant une année comme éducatrice remplaçante à Château-d’Œx.» Elle trouve tout de suite ses marques et postule dans une école sociale; on la recale sèchement lors d’un entretien conduit par deux hommes qui jugent insuffisante sa «connaissance des enjeux du métier». Le coup est dur à encaisser – «j’avais 23 ans et plus de repères à Lausanne, ma ville natale que j’avais quittée quatre ans auparavant» –, mais elle n’est pas du genre à baisser les bras. Capitalisant sur son expérience du service à Paris, où elle a travaillé dans une brasserie entre Bastille et la gare de Lyon pendant ses études, elle rejoint l’équipe du Café des Avenues.

 «Aujourd’hui, je ressens l’envie de contribuer à une meilleure reconnaissance de notre branche» 
 

A ses débuts, elle travaille en soirée. Puis elle passe au service diurne avec la découverte d’une autre clientèle, tout aussi variée que le reste de la journée, mais avec laquelle elle noue des liens plus étroits en raison de l’ambiance particulière qui règne le matin. C’est dans cette maison dont elle apprécie l’esprit et la philosophie que lui vient l’idée de se lancer dans l’aventure du CFC, un pari sur l’avenir qui débouche sur sa participation au Championnat de service et qui l’encourage aujourd’hui à vouloir poursuivre sur sa lancée. «Le brevet fédéral représente une suite logique et, vu mon envie de me perfectionner, je me dis que ce serait dommage de ne pas profiter du soutien financier accordé dans le cadre de la CCNT!»  

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:
www.cafe-des-avenues.ch
www.hotelgastrounion.ch/spr