Café portionné: une nouvelle étape dans la personnalisation

Développée en Suisse, la gamme Dolce Gusto Neo affine sa technologie, élargit son offre et renforce son engagement durable.

C’est à l’espace Niemeyer, au cœur de Paris, que Nescafé a présenté les nouveautés de sa gamme Dolce Gusto Neo. (dr)

Un OVNI architectural pour accueillir la campagne de lancement de la nouvelle gamme Dolce Gusto Neo? L’idée peut surprendre, surtout quand on sait que l’espace Niemeyer qui a servi d’écrin à deux soirées spéciales au cœur de Paris est le siège du Parti communiste français, mais il y a derrière le coup marketing une forme de logique. Avec son dôme de béton au plafond hérissé de lamelles d’aluminium, l’espace Niemeyer a tout l’air d’une soucoupe volante échouée sur la place du Colonel-Fabien. La construction de l’architecte éponyme brésilien, flanquée de corridors souterrains en béton brut, semble d’un autre monde, tout comme la paire d’extraterrestres autour de laquelle s’articule la campagne de Nescafé. Devant un parterre de VIP, parmi lesquels se trouvaient les voix françaises du nouveau spot (Antoine de Caunes et Olivier Rosemberg), Miss Univers Guadeloupe (Ophélie Mezino) et un ancien international de football (Djibril Cissé), les deux aliens ont servi d’ambassadeurs à la marque suisse, décrétant au passage qu’ils avaient probablement trouvé «le meilleur café de la galaxie».

Derrière les paillettes de ce lancement parisien auquel ont été conviés la presse, les influenceurs et des consommateurs triés sur le volet, que faut-il retenir? Dolce Gusto Neo est d’abord le fruit d’une longue phase de développement menée en Suisse, dans les centres de recherche d’Orbe, où ont été conçues les machines, et de Vers-chez-les-Blanc, où sont développés les pods. Lors de son lancement en 2023, Nescafé décrivait Neo comme un système capable de réunir, dans un format compact, trois méthodes d’extraction (espresso, americano, café filtre) et de les associer à une interface capable de reconnaître automatiquement la recette via un code sur la capsule. Deux ans plus tard, le principe est demeuré inchangé, mais l’offre s’est étoffée et affinée.

Un déploiement progressif

Parmi les pays de lancement figurait la Suisse. Un choix logique, selon Guillaume Savoy, responsable de la catégorie Café chez Nestlé Suisse: «C’est un marché où le café est profondément ancré dans les habitudes, mais aussi un laboratoire idéal pour observer la façon dont les consommateurs adoptent de nouvelles technologies.» Après la Suisse et la France, le système a été progressivement étendu au Portugal, au Japon, en Corée du Sud, puis en Belgique et aux Pays-Bas en 2025. D’autres pays suivront, en vertu d’une stratégie qui vise à faire de Dolce Gusto Neo l’une des principales plateformes de croissance du groupe en Europe.

Cette ambition est portée par une importante composante technologique. Contrairement à la première génération, dont une partie du procédé se trouvait dans la capsule, le nouveau modèle déplace l’intelligence dans la machine. Le consommateur insère un pod, puis la machine scanne son code, adapte la pression, la durée et la température, et prépare la boisson selon la recette définie. Cette évolution permet notamment d’élargir la palette des boissons, inspirées pour certaines de l’univers du coffee shop, grâce aux recettes Starbucks. Ces deux dernières années, les utilisateurs suisses ont demandé davantage de variétés de café noir; un ristretto et un espresso signature enrichiront bientôt l’assortiment.

Quid des détenteurs d’une machine de première génération? Ils pourront continuer à l’utiliser grâce à un adaptateur. Objectif: éviter le renouvellement forcé et être cohérent avec l’esprit d’un projet qui met en avant le fait que les pods peuvent être compostés à domicile. «Et pour celles et ceux qui ne disposent pas d’un compost, un système de collecte gratuit permet de renvoyer les capsules vers un site dédié au compostage industriel à Lavigny dans le canton de Vaud», précise Guillaume Savoy.

Place à l’agriculture régénératrice

Cette approche locale s’articule avec le Nescafé Plan 2030, programme mondial à travers lequel Nestlé s’engage à soutenir les caféiculteurs dans la transition vers l’agriculture régénératrice. Selon un rapport publié en juin 2025, plus de 30 % du café Nescafé provient désormais de pratiques régénératrices, un chiffre supérieur aux objectifs initiaux. Ces techniques, qui vont de la couverture des sols à l’optimisation des fertilisants, permettent une réduction notable des émissions de gaz à effet de serre et renforcent la résilience des cultures face aux aléas climatiques. «Les consommateurs ne veulent plus choisir entre plaisir et responsabilité», rappelle à ce propos Guillaume Le Cunff, CEO de Nestlé Europe.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

dolce-gusto.ch/fr


 

«Notre stratégie s'adapte au marché»

Responsable de la catégorie Café chez Nestlé Suisse, Guillaume Savoy analyse la dynamique du marché et la segmentation toujours plus forte de la demande.

 

HGH: Guillaume Savoy, le marché du café traverse une période particulièrement tendue. Comment l’expliquez-vous?

GUILLAUME SAVOY: De nombreux éléments comme la volatilité des prix du café vert, les épisodes climatiques et les taxes douanières créent une pression sur les producteurs comme sur les marques. A l’échelle de Nestlé, notre rôle consiste à sécuriser l’approvisionnement en travaillant directement avec les caféiculteurs, tout en soutenant la transition vers des pratiques plus résilientes. Le Nescafé Plan 2030, à ce titre, joue un rôle essentiel, car il encourage l’agriculture régénératrice.

Cela influence-t-il la manière dont les gens envisagent le café?

Oui, mais pas seulement à cause des prix. On observe une montée en puissance des attentes aussi bien qualitatives qu’environnementales. Les consommateurs veulent comprendre d’où vient le café, comment il est produit et comment limiter l’impact de leur consommation quotidienne. La transparence devient un critère à part entière. En parallèle, on veut pouvoir préparer chez soi des spécialités en toute simplicité.

Quelles tendances voyezvous émerger en Suisse?

La diversité des modes de consommation se renforce. En Suisse romande, les comportements oscillent entre les traditions alémaniques (grandes tasses, souvent avec lait) et celles du Tessin (café serré). Le goût pour les boissons inspirées du coffee shop continue de progresser, notamment auprès d’un jeune public. Enfin, l’envie de solutions à la fois simples et personnalisables est très marquée.

Dans ce contexte, quelle place pour Dolce Gusto Neo?

Ce système répond précisément à ces évolutions. Il entend offrir un café constant et techniquement maîtrisé. Il est vrai que la reconnaissance automatique des pods simplifie l’expérience et garantit l’exécution de recettes parfois difficiles à reproduire à la maison. La compostabilité des capsules et l’existence d’un programme de collecte font aussi partie de ses atouts, sans compter que la gamme évolue constamment.

Le produit s’adresse d’abord au retail. Quid des professionnels?

La vocation première, c’est effectivement le grand public via le commerce de détail. Mais on voit déjà des applications professionnelles, notamment dans de petites et moyennes entreprises, des boulangeries ou certains hébergements de taille modeste. Toutefois, dès que les volumes sont plus importants, Nestlé Professional et Nespresso disposent de gammes mieux adaptées.

Comment s’articulent les différentes marques de café au sein du groupe?

Chacune a son positionnement, mais la stratégie est coordonnée au niveau mondial. L’objectif n’est pas de les mettre en concurrence, mais de couvrir l’ensemble des segments: le portionné premium avec Nespresso, les solutions professionnelles via Nestlé Professional et le segment polyvalent et familial avec Dolce Gusto Neo. Cette complémentarité nous permet d’innover simultanément sur plusieurs axes et de répondre aux attentes de chaque public, du consommateur individuel aux PME, sans oublier les plus grandes structures.

(Propos recueillis par Patrick Claudet)